Honduras : RSF dénonce de graves attaques contre les journalistes du département de Colón.
Pour avoir voulu couvrir un conflit minier qui secoue le département de Colón (nord du pays), plusieurs journalistes honduriens ont été victimes de violences, de menaces et de tentatives de soudoiement. Reporters sans frontières (RSF) dénonce un climat de travail désastreux et appelle l’Etat hondurien à garantir au plus vite la sécurité de ces journalistes.
Le 27 octobre dernier, dans la communauté de Guapinol, près de la ville de Tocoa (département de Colón), les journalistes Rigoberto Mendoza, Vitalino Álvarez, Erick Mendoza et Osman Corea (Comunicaciones Mendoza), Wenceslao Canales (Canal 29), Donaldo Dominguez , César Obando et Jennifer Molina (Radio Progreso), Jhony Castillo (Canal 5) et Miguel Dubón (Radio Globo) ont été violemment pris à partie par la police et l’armée hondurienne, alors qu’ils couvraient le démantèlement d’un campement d’activistes environnementaux.
Dans cette région de Guapinol, qui abrite une zone écologique préservée, l’entreprise minière privée Minera Inversiones Los Pinares est suspectée d’avoir obtenu illégalement un permis de forage et d’exploitation. Plus de 350 riverains avaient depuis près de trois mois établi un ‘campement de résistance’ pour protester contre les activités de l’entreprise.
Selon les témoignages recueillis par RSF, Minera Inversiones Los Pinares a tenté à plusieurs reprise d’acheter le silence des journalistes de la région, leur demandant, en échange de 4 000 lempiras (environ 150 €), de ne diffuser aucune information sur leurs agissements.
Les journaliste qui ont refusé d’être soudoyés et qui se sont rendus sur place lors de l'opération de démantèlement ont été immédiatement pris pour cible par la police et les militaires : insultes, attaques physiques, jets de grenades lacrymogènes, confiscation et destruction de matériel... Alors qu’il filmait l’évacuation, Rigoberto Mendoza a été visé par des jets de pierre et atteint à l’estomac. Un de ses collègues a retrouvé du cannabis dissimulé dans le sac qui lui avait été confisqué pendant l’opération.
“RSF dénonce une gravissime entrave au droit d’informer et appelle les autorités judiciaires honduriennes à identifier et sanctionner les responsables de ces violentes attaques, déclare Emmanuel Colombié, directeur du bureau Amérique latine de RSF. Ces reporters encourent aujourd’hui un réel danger et doivent bénéficier des mesures urgentes de sécurité de la part du Mécanisme national de protection des journalistes”.
Les journalistes indépendants de Tocoa refusant de passer sous silence ces activités minières illégales sont harcelés par les forces de l’ordre, les agents de sécurité de l’entreprise et reçoivent régulièrement des messages anonymes contenant des menaces de mort.
Un membre de la CONADEH (Commission nationale des droits de l’Homme du Honduras) présent sur place lors du démantèlement a déclaré publiquement que l’évacuation avait été pacifique. Pour avoir critiqué et condamné cette déclaration, Rigoberto Mendoza a confié à RSF être suivi et observé, recevoir des menaces quotidiennes et craindre pour sa vie.
Le Honduras se classe 141ème sur 180 pays dans le Palmarès mondial 2016 de la liberté de la presse.