Hommage à Arman Soldin à Kyiv : RSF annonce le dépôt d’une 8e plainte depuis le début du conflit

Lors d’une cérémonie d’hommage organisée par l’AFP à Kyiv six jours après la mort de son coordinateur vidéo, Reporters sans frontières (RSF) a annoncé le dépôt de sa huitième plainte devant la justice ukrainienne. Elle inclut les cas des deux derniers journalistes tués en Ukraine, Bohdan Bitik, le 26 avril à Kherson, et Arman Soldin, le 9 mai près de Bakhmout.

Un film empli de ses rires, de son affection pour les animaux, de son amour du football et bien entendu de sa passion du reportage : à Kyiv, amis et collègues d’Arman Soldin se sont réunis pour une cérémonie d’hommage émouvante, lundi 15 mai. Le journaliste de l’Agence France Presse (AFP) a été tué une semaine plus tôt près de Bakhmout lors d’une frappe de roquettes. 

“Il a perdu sa vie pour informer le monde de ce qui se passe en Ukraine”, a rappelé le président de l’AFP Fabrice Fries. “C’était un vrai rayon de soleil pour ses collègues”, a quant à lui souligné le directeur de l’information de l’agence, Phil Chetwynd. Également présent, le ministre de la Culture ukrainien Oleksandr Tkachenko a loué la “grande fraternité des journalistes” étrangers présents en Ukraine, après une minute de silence de l’assemblée, réunie dans les locaux de l’agence de presse ukrainienne Ukrinform.

Lors de cette cérémonie, le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, a assuré partager la fierté et la tristesse de la communauté et même la famille de l’AFP. “Il n’y a pas d’âge pour entrer au Panthéon des journalistes, mais clairement Arman était trop jeune pour cela.” En référence à tous les journalistes tués chaque année dans des pays en guerre ou en temps de paix, il a ajouté : “Il y a trop de reporters dans ce Panthéon, et particulièrement trop de jeunes reporters.” 

Ce fut aussi l’occasion pour RSF d’annoncer le dépôt d’une plainte auprès du parquet général Ukrainien, qui sera remise en mains propres le 16 mai, et auprès du procureur de la Cour pénale internationale (CPI). Cette huitième plainte déposée par l’organisation depuis le début du conflit, étayée par des témoignages précis recueillis par RSF, documente des crimes de guerre commis contre des journalistes en Ukraine. 

Cette plainte porte, en plus du cas d’Arman Soldin, sur l’attaque délibérée ayant entraîné la mort du journaliste ukrainien Bohdan Bitik et les blessures du correspondant italien de La Repubblica Corrado Zunino, sur des détentions arbitraires et disparitions forcées de trois journalistes ukrainiens, notamment celle de Dmytro Khyliuk, et sur les bombardements de civils dans lesquels ont été pris plusieurs équipes de médias ukrainiens ou étrangers. 

Quatorze journalistes victimes d’attaques pouvant être qualifiées de crimes de guerre sont mentionnés dans cette plainte. Celle-ci mentionne également des attaques sur des infrastructures de médias comme des tours de télévision ou des locaux de la télévision publique ukrainienne. 

Depuis le début de la guerre en Ukraine, RSF a déposé 8 plaintes auprès de la Cour pénale internationale et du procureur général d'Ukraine, et deux plaintes pénales en France. L'organisation a documenté 53 événements qualifiables de crimes de guerre dont ont été victimes 121 journalistes et concernant aussi le ciblage de 14 tours de télévision et infrastructures de média.

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