France : RSF dénonce une campagne de cyberharcèlement contre les journalistes de Conspiracy Watch à la suite des propos infondés du député Nicolas Dupont-Aignan

Photographie de Nicolas Dupont-Aignan

Les journalistes du média de fact checking Conspiracy Watch subissent une campagne de cyberharcèlement et des menaces jusque dans leur vie privée, depuis des accusations infondées formulées par le député et président du parti Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, à leur égard. Reporters sans frontières (RSF) s’alarme de ces attaques visant à jeter le discrédit sur les professionnels de l’information et exhorte le député à retirer ses propos et à appeler à l’arrêt d’un déferlement de haine en ligne dangereux.

Un “cabinet noir d’Emmanuel Macron” financé par l’État qui “détruit notre démocratie”. L’accusation infondée énoncée par le président du parti Debout la France et le député de l’Essonne, Nicolas Dupont-Aignan, contre Conspiracy Watch, dans une vidéo publiée le 1er avril sur sa chaîne YouTube, est un nouveau coup dur pour les fact-checkers français. Ces propos d’une personnalité politique ont déclenché une campagne de cyberharcèlement d’ampleur contre les journalistes du média. 

“Ces éléments mensongers et diffamatoires, qui n'ont que pour but de discréditer notre travail et de jeter le doute sur l'indépendance éditoriale totale qui est la nôtre ont, là encore, déclenché une vague de haine à notre égard sur les réseaux sociaux”, témoigne auprès de RSF le directeur de Conspiracy Watch, Rudy Reichstadt.

Les enquêtes d’intérêt général menées par l’équipe de ce média indépendant, fondé en 2014 et immatriculé à la Commission paritaire des publications et agences de presse (CPPAP) depuis 2017, leur ont attiré les foudres des mouvances complotistes, générant du harcèlement qui va jusqu’à empiéter sur leur vie privée.

“Les accusations infondées qui alimentent une campagne violente de cyberharcèlement contre le média en ligne Conspiracy Watch sont inadmissibles. D’autant plus si elles viennent d’un élu de la République. Nous exhortons Nicolas Dupont-Aignan à appeler à l’arrêt de ce débordement de haine qui met en danger la sécurité des journalistes de Conspiracy Watch.

Pavol Szalai
Responsable du bureau Union européenne-Balkans de RSF

Le député Nicolas Dupont-Aignan justifie ses propos par le fait que Conspiracy Watch ait reçu des subventions publiques, notamment du Fonds Marianne en 2021. Des financements perçus en toute transparence par Conspiracy Watch comme l’a montré le quotidien Libération. Or certaines figures de la complosphère et d’autres internautes anonymes s’appuient sur les accusations du député pour avoir recours à des rhétoriques frisant l’antisémitisme. 

Ce déferlement de haine envers des journalistes vérificateurs n’est pas une première. Le média décrit notamment une situation qui s’est aggravée au cours des deux dernières années, avec des “campagnes d'une extrême violence conjuguant diffamations, injures, cyberharcèlement et menaces”. Victime d’une vaste campagne de cyberharcèlement et de dénigrement visant plusieurs médias et émissions de fact-checking, le site Fact & Furious, également immatriculé auprès de la CPPAP, a, quant à lui, dû fermer en novembre 2022.

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