Etats-Unis : la lanceuse d’alerte Reality Winner plaide coupable d’avoir enfreint l’Espionage Act
Reporters sans frontières (RSF) s'insurge contre la peine de prison de 63 mois infligée par un tribunal fédéral à Reality Winner, une lanceuse d'alerte de la NSA qui a plaidé coupable, le 26 juin, d'avoir enfreint l'Espionage Act. Elle est l'une des deux lanceurs d'alerte actuellement poursuivis en justice sous l'administration Trump.
“La longue peine de prison infligée à Reality Winner est la preuve que le gouvernement américain se soucie davantage de dissimuler des informations au public que de respecter les droits conférés aux citoyens par le Premier amendement, déclare Margaux Ewen, directrice du bureau Amérique du Nord de RSF. Le gouvernement se livre à une lutte acharnée contre les fuites d’informations, le fait de pouvoir invoquer cette loi draconienne qu’est l’Espionage Act envers des lanceurs d’alerte menace clairement l’avenir du journalisme d’investigation. RSF condamne fermement ce verdict.”
Reality Winner a plaidé coupable devant une cour du district fédéral de Géorgie d’un chef d’accusation de violation de l’Espionage Act. Elle est parvenue à un accord avec les procureurs, selon lequel elle effectuera 63 mois en prison et restera par la suite en liberté surveillée durant trois ans. Il s’agit de la plus longue condamnation infligée par une cour fédérale en réaction à une violation de l’Espionage Act dans le cadre d’une fuite d’informations. Si Reality Winner avait été condamnée lors de son procès, qui était prévu en octobre, elle aurait risqué jusqu’à 10 ans d’emprisonnement.
Moins de six mois après le début du mandat de Donald Trump, Reality Winner, une ancienne contractuelle de la NSA, a été arrêtée le 3 juin 2017 et mise en examen dans le cadre de l'Espionage Act, accusée d’avoir collecté, divulgué, ou égaré des informations classées “secret défense”. Sa mise en examen est survenue peu après la publication par le site d’information en ligne The Intercept d’un article présentant un document de la NSA qui démontre une ingérence russe dans l’élection présidentielle de 2016. Depuis lors, l’administration Trump a redoublé d’efforts pour sévir contre les lanceurs d’alerte.
Les Etats-Unis se situent à la 45e place sur 180 pays selon le Classement mondial de la liberté de presse 2018 établi par RSF.
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