Hamadi Jebali, directeur de l'hebdomadaire Al Fajr, observe une grève de la faim depuis le 13 janvier. Malgré les nombreux appels en faveur de sa libération, les autorités tunisiennes continuent de faire la sourde oreille.
Hamadi Jebali, directeur de l'hebdomadaire Al Fajr, observe une grève de la faim depuis le 13 janvier. Selon ses proches, son état de santé est très préoccupant. Malgré les nombreux appels à sa libération, en Tunisie et à l'étranger, les autorités tunisiennes continuent, comme pour le cas du cyberdissident Zouhair Yahyaoui, de faire la sourde oreille.
"Outre les conditions de détention très mauvaises des deux journalistes, nous sommes très inquiets pour leur santé. Nous demandons au président Zine el-Abidine Ben Ali la libération immédiate et inconditionnelle de Hamadi Jebali et Zouhair Yahyaoui", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général.
Hamadi Jebali, directeur de l'hebdomadaire Al Fajr, organe du mouvement islamiste An Nahda, est détenu, depuis 1991, dans une cellule individuelle. Un membre de Reporters sans frontières qui avait demandé à lui rendre visite à la prison de Nador, à Bizerte (nord du pays), a essuyé un refus, le 6 février, auprès de la Direction générale des prisons. L'avocat du journaliste, Mohamed Nouri, également.
Son épouse, Wahida Jebali, a confié à l'organisation qu'elle n'avait pu voir "directement" son mari (sans grillages entre eux) pour la première fois que le 25 janvier 2003. Madame Jebali a, par ailleurs, expliqué que son époux a été soumis à des pressions, de la part de membres de la Sûreté de l'Etat, pour cesser sa grève de la faim. Suite à une présence constante de policiers devant chez elle, Wahida Jebali a été obligée de s'installer, avec sa fille cadette, chez sa belle-sœur, à Sousse. L'épouse et les filles du journaliste sont aujourd'hui privées de passeport.
Hamadi Jebali observe une grève de la faim depuis le 13 janvier pour protester contre ses conditions de détention et exiger sa libération. En 1992, il avait été condamné par la Cour militaire de Tunis à seize ans de prison pour "appartenance à une organisation illégale". Il venait de purger une peine d'un an de prison pour avoir publié un article qui critiquait le système des tribunaux militaires.
Le 6 février, alors que la famille de Zouhair Yahyaoui, fondateur du site TUNeZINE, lui rendait visite, une trentaine de militants des droits de l'homme et plusieurs journalistes, dont un membre de Reporters sans frontières, se sont réunis devant la prison où il est incarcéré (Borj el Amri, située à 30 km de Tunis). Ils ont réclamé la libération du cyberdissident qui avait observé une grève de la faim en janvier. Trois dirigeants du Conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT), Sihem Bensedrine, Omar Mestiri et Abderraouf Ayadi, ainsi qu'un journaliste de la radio allemande WRD, Marc Thörner, ont été retenus plus de deux heures devant la prison après que des dizaines de policiers avaient dispersé les autres militants. La cassette du journaliste allemand a été confisquée.
Le 10 juillet 2002, Zouhair Yahyaoui a été condamné, par la cour d'appel de Tunis, à deux ans de prison pour "propagation de fausses nouvelles". Il avait été arrêté, le 4 juin 2002, par plusieurs policiers en civil dans un cybercafé. Au cours de son interrogatoire, il avait subi trois séances de "suspension", méthode de torture où la personne est suspendue par les bras, avec les pieds touchant à peine le sol.
Zouhair Yahyaoui écrivait sous le pseudonyme "Ettounsi" qui signifie le Tunisien en arabe. Il avait fondé le site TUNeZINE en juillet 2001 pour diffuser des informations sur la lutte en faveur de la démocratie et des libertés en Tunisie, et publiait en ligne des documents de l'opposition. Il avait été le premier à diffuser la lettre dénonçant le système judiciaire du pays adressée au président de la République par le juge Mokhtar Yahyaoui.