Election présidentielle en Colombie : RSF appelle au respect du travail des journalistes
Organisation :
A l’attention des candidat(e)s au scrutin présidentiel du 25 mai 2014
Madame Clara López
Monsieur Enrique Peñalosa
Madame Marta Lucía Ramírez
Monsieur Juan Manuel Santos Calderón
Monsieur Óscar Iván Zuluaga
Mesdames, messieurs,
Avant les élections présidentielles du 25 mai 2014, Reporters sans frontières, organisation internationale de défense de la liberté de l’information, tient à rappeler l’importance cruciale du travail des journalistes pour l’intérêt public. À ce titre, j’attire votre attention sur le fait que leur sécurité doit être assurée en toutes circonstances pour garantir un climat démocratique paisible. Le futur élu doit considérer la liberté de la presse et la lutte contre l’impunité des crimes commis à l’encontre les professionnels de l’information comme des priorités pour la Colombie, 126ème sur 180 pays au Classement de la liberté de la presse publié par notre organisation. Reporters sans frontières vous demande de mettre un point d’honneur à faire assurer la sécurité des journalistes en cette période électorale délicate. Les citoyens colombiens sont appelés aux urnes quelques semaines seulement après l’agression de quatre journalistes par des agents de la police anti-émeute alors qu’ils couvraient les manifestations du 1er mai à Medellín. Après quoi l’un d’entre eux, Esteban Vanegas, a été accusé abusivemment d’avoir porté atteinte aux forces de l’ordre. Quelques semaines plus tard à Buenaventura (Ouest), le photographe José Luis Torres, le journaliste Eider Marines de la radio RCN Noticias et Jhon Fredy Ocoró de la chaîne Telenoticias, qui couvraient une révolte populaire contre la pénurie d’eau potable de la région, ont été agressés au gaz lacrymogène par des agents de police anti-émeute. Devant l’absence de réaction du commandement de la police de la ville, de nombreux journalistes de Buenaventura se sont déclarés en grève. Il est essentiel que les candidats à la présidence de la République s’engagent à mettre fin à l’impunité dont bénéficient les auteurs d’agressions, de menaces ou pire, d’assassinats de journalistes en Colombie. En douze ans et trois mandats présidentiels, Reporters sans frontières a recensé dix-neuf assassinats de journalistes en lien avec leur profession. Ces cas demeurent irrésolus à l’exception de celui de Efraín Alberto Varela Noriega, tué à Arauca (ouest) en 2002 et dont l’assassin a été condamné à treize ans de prison ferme en 2007. Ce niveau d’impunité est d’autant plus inquiétant que les assassinats commis avant 2000 sont prescrits au bout de vingt ans. La justice Colombienne doit considérer les assassinats de journalistes comme relevant de crimes contre l’humanité, imprescriptibles au regard du droit colombien et international, comme elle l’a déjà fait pour ceux de José Eustorgio Colmenares Baptista et Guillermo Cano. L’assassinat de Jesús Medina Parra, le 28 janvier 1994, est arrivé à prescription en 2014. Sans nouvelle mesure, l’impunité sera également éternelle pour l’assassinat de Abelardo Martín Pinzón (27 mai 1994) et de Martín Eduardo Múnera (3 septembre 1994). Reporters sans frontières réitère sa demande aux autorités de mettre en place un mécanisme de protection digne de ce nom pour les professionnels et non-professionnels de l’information, en renforçant les programmes de l’Unité nationale de protection déployée par le ministère de l'Intérieur. La Commission inter-américaine des droits de l’homme en a souligné la nécessité dans son dernier rapport sur la liberté d’expression, le 23 avril 2014. Le 19 février 2014, Yonni Stevens Caicedo, journaliste des chaînes de télévision locales TV Noticias et Más Noticias, était assassiné sept mois après avoir reçu des menaces de mort. L’organisation avait déploré l’inefficacité des quelques mesures de protection prises par les forces de police locales. Dans les régions excentrées, le danger peut aussi venir de groupes industriels ou agricoles, comme ce fut le cas pour le journaliste Exequiel Henao Guzmán de la Radio Super de Popoyán que trois personnes, vraisemblablement employées de l’exploitation minière de San Antonio, près de Santander de Quilichao (sud ouest), ont menacé de mort alors qu’il enquêtait sur la mine le 4 mai 2014. La veille, Eugenio Lucas, journaliste de la station Radio Tulúa, était pris pour cible dans un attentat à la grenade perpétré à son domicile. Reporters sans frontières exhorte les autorités colombiennes à mener ces recherches avec le plus grand sérieux afin d’identifier les coupables et éviter que les menaces ne se concrétisent. Je saisis l’occasion d’attirer votre attention sur le fait que, à l’instar de 25 autres pays d’Amérique latine, les délits de presse en Colombie prévoient toujours des peines de privation de liberté. Seuls l’Uruguay et l’Argentine ont aboli de telles sanctions pour la calomnie, l’injure et la diffamation. L’annulation de la condamnation pour injure retenue contre le journaliste Luis Agustín González par la Cour Suprême en juillet 2013 laissait espérer une réforme. Malheureusement, aucune avancée n’a été observée depuis. En vous remerciant de l’attention que vous porterez à cette lettre, je vous prie d’agréer, Mesdames et Messieurs les candidat(e)s, l’expression de mes salutations respectueuses. Christophe Deloire,
Secrétaire général de Reporters sans frontières.
Madame Clara López
Monsieur Enrique Peñalosa
Madame Marta Lucía Ramírez
Monsieur Juan Manuel Santos Calderón
Monsieur Óscar Iván Zuluaga
Mesdames, messieurs,
Avant les élections présidentielles du 25 mai 2014, Reporters sans frontières, organisation internationale de défense de la liberté de l’information, tient à rappeler l’importance cruciale du travail des journalistes pour l’intérêt public. À ce titre, j’attire votre attention sur le fait que leur sécurité doit être assurée en toutes circonstances pour garantir un climat démocratique paisible. Le futur élu doit considérer la liberté de la presse et la lutte contre l’impunité des crimes commis à l’encontre les professionnels de l’information comme des priorités pour la Colombie, 126ème sur 180 pays au Classement de la liberté de la presse publié par notre organisation. Reporters sans frontières vous demande de mettre un point d’honneur à faire assurer la sécurité des journalistes en cette période électorale délicate. Les citoyens colombiens sont appelés aux urnes quelques semaines seulement après l’agression de quatre journalistes par des agents de la police anti-émeute alors qu’ils couvraient les manifestations du 1er mai à Medellín. Après quoi l’un d’entre eux, Esteban Vanegas, a été accusé abusivemment d’avoir porté atteinte aux forces de l’ordre. Quelques semaines plus tard à Buenaventura (Ouest), le photographe José Luis Torres, le journaliste Eider Marines de la radio RCN Noticias et Jhon Fredy Ocoró de la chaîne Telenoticias, qui couvraient une révolte populaire contre la pénurie d’eau potable de la région, ont été agressés au gaz lacrymogène par des agents de police anti-émeute. Devant l’absence de réaction du commandement de la police de la ville, de nombreux journalistes de Buenaventura se sont déclarés en grève. Il est essentiel que les candidats à la présidence de la République s’engagent à mettre fin à l’impunité dont bénéficient les auteurs d’agressions, de menaces ou pire, d’assassinats de journalistes en Colombie. En douze ans et trois mandats présidentiels, Reporters sans frontières a recensé dix-neuf assassinats de journalistes en lien avec leur profession. Ces cas demeurent irrésolus à l’exception de celui de Efraín Alberto Varela Noriega, tué à Arauca (ouest) en 2002 et dont l’assassin a été condamné à treize ans de prison ferme en 2007. Ce niveau d’impunité est d’autant plus inquiétant que les assassinats commis avant 2000 sont prescrits au bout de vingt ans. La justice Colombienne doit considérer les assassinats de journalistes comme relevant de crimes contre l’humanité, imprescriptibles au regard du droit colombien et international, comme elle l’a déjà fait pour ceux de José Eustorgio Colmenares Baptista et Guillermo Cano. L’assassinat de Jesús Medina Parra, le 28 janvier 1994, est arrivé à prescription en 2014. Sans nouvelle mesure, l’impunité sera également éternelle pour l’assassinat de Abelardo Martín Pinzón (27 mai 1994) et de Martín Eduardo Múnera (3 septembre 1994). Reporters sans frontières réitère sa demande aux autorités de mettre en place un mécanisme de protection digne de ce nom pour les professionnels et non-professionnels de l’information, en renforçant les programmes de l’Unité nationale de protection déployée par le ministère de l'Intérieur. La Commission inter-américaine des droits de l’homme en a souligné la nécessité dans son dernier rapport sur la liberté d’expression, le 23 avril 2014. Le 19 février 2014, Yonni Stevens Caicedo, journaliste des chaînes de télévision locales TV Noticias et Más Noticias, était assassiné sept mois après avoir reçu des menaces de mort. L’organisation avait déploré l’inefficacité des quelques mesures de protection prises par les forces de police locales. Dans les régions excentrées, le danger peut aussi venir de groupes industriels ou agricoles, comme ce fut le cas pour le journaliste Exequiel Henao Guzmán de la Radio Super de Popoyán que trois personnes, vraisemblablement employées de l’exploitation minière de San Antonio, près de Santander de Quilichao (sud ouest), ont menacé de mort alors qu’il enquêtait sur la mine le 4 mai 2014. La veille, Eugenio Lucas, journaliste de la station Radio Tulúa, était pris pour cible dans un attentat à la grenade perpétré à son domicile. Reporters sans frontières exhorte les autorités colombiennes à mener ces recherches avec le plus grand sérieux afin d’identifier les coupables et éviter que les menaces ne se concrétisent. Je saisis l’occasion d’attirer votre attention sur le fait que, à l’instar de 25 autres pays d’Amérique latine, les délits de presse en Colombie prévoient toujours des peines de privation de liberté. Seuls l’Uruguay et l’Argentine ont aboli de telles sanctions pour la calomnie, l’injure et la diffamation. L’annulation de la condamnation pour injure retenue contre le journaliste Luis Agustín González par la Cour Suprême en juillet 2013 laissait espérer une réforme. Malheureusement, aucune avancée n’a été observée depuis. En vous remerciant de l’attention que vous porterez à cette lettre, je vous prie d’agréer, Mesdames et Messieurs les candidat(e)s, l’expression de mes salutations respectueuses. Christophe Deloire,
Secrétaire général de Reporters sans frontières.
Publié le
Updated on
20.01.2016