Le corps du journaliste n'a toujours pas été retrouvé et de graves zones d'ombre subsistent dans cette affaire, malgré la condamnation, en 2002, de plusieurs individus issus des rangs des unités spéciales du ministère de l'Intérieur.
Deux ans après la disparition à Minsk, le 7 juillet 2000, du jeune cameraman biélorusse Dmitri Zavadski, Reporters sans frontières et le réseau Damoclès rappellent que le corps du journaliste n'a toujours pas été retrouvé et que de graves zones d'ombre subsistent dans cette affaire, malgré la condamnation, en 2002, de plusieurs individus issus des rangs des unités spéciales du ministère de l'Intérieur.
Reporters sans frontières et le réseau Damoclès demandent la réouverture de l'enquête afin d'établir l'ensemble des responsabilités dans l'enlèvement et le probable assassinat du journaliste. Les deux organisations appuieront toutes les démarches engagées par la famille Zavadski en faveur de la recherche de la vérité. Reporters sans frontières et le réseau Damoclès réitèrent leurs demandes de création d'une commission d'enquête indépendante et d'intervention du Conseil de l'Europe.
Ancien cameraman personnel du Président, Dmitri Zavadski avait quitté la télévision d'Etat, sans l'assentiment du pouvoir, en 1996, pour travailler pour la chaîne russe ORT. Il avait été emprisonné pendant deux mois avec un collègue de l'ORT, en 1997, à la suite d'un reportage sur les défaillances des dispositifs de sécurité biélorusses le long de la frontière avec la Lituanie. En 2000, il avait publié des informations sur la présence au sein des forces indépendantistes tchétchènes, d'un ancien agent des forces spéciales du ministère de l'Intérieur biélorusse, Valeri Ignatovitch. Ce dernier a été condamné, avec deux autres individus, le 14 mars 2002, pour le meurtre de cinq personnes et la "disparition" du journaliste. Selon la version défendue par les autorités biélorusses, Ignatovitch aurait décidé de se venger de Zavadski pour l'article qu'il avait écrit sur sa présence en Tchétchénie.
Malgré la vraisemblance du mobile de l'assassin présumé, de nombreuses questions demeurent. Une chape de plomb s'est abattue sur cette affaire depuis septembre 2000, date de la nomination au poste de ministre de l'Intérieur de Vladimir Naumov, à l'origine de la création des unités spéciales Almaz, véritable garde prétorienne au seul service du Président, dont sont issus les accusés. Etrangement, le tribunal de Minsk n'a cherché ni à localiser le corps du journaliste disparu, ni à déterminer les circonstances exactes de son enlèvement, puis de son probable assassinat. Aucun représentant de la presse n'a pu rencontrer les protagonistes de cette affaire, ni avoir accès aux séances du tribunal. Les membres de la famille de Zavadski n'ont été convoqués que ponctuellement en tant que témoins à la barre.
Par ailleurs, dans un communiqué diffusé le 11 juin 2001, deux anciens membres du parquet biélorusse réfugiés à l'étranger, dont Dmitri Petrouchkevic en charge de l'affaire Dmitri Zavadski, ont accusé le procureur général Viktor Cheïman, et le chef adjoint de l'administration présidentielle Iouri Sivakov, d'avoir créé un " escadron de la mort " en 1996, alors qu'ils étaient respectivement secrétaire du Conseil de sécurité et ministre de l'Intérieur. Ce groupe aurait été chargé, dans un premier temps, d'éliminer des chefs du milieu criminel, avant de recevoir des missions plus " politiques ". Ces accusations n'ont fait l'objet d'aucune enquête.