Deux stations de radio suspendent leurs émissions
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Après la décision des stations privées Radio Kiskeya et Caraïbes FM de suspendre temporairement leurs émissions le 26 septembre dernier, Reporters sans frontières a dénoncé le climat d'insécurité dans lequel travaille la presse. Les deux radios avaient reçu des menaces dirigées contre leur rédaction. Un journaliste d'une troisième station, Radio Ibo, avait été agressé le lendemain. Par ailleurs, l'organisation a rejeté les déclarations du président Aristide selon lesquelles "les montages constituent aujourd'hui la menace la plus grave contre la liberté de la presse".
Dans une lettre adressée à Jean-Bertrand Aristide, Reporters sans frontières a demandé qu'une enquête approfondie soit menée afin que l'origine des menaces reçues par les deux stations soit établie et que leurs auteurs soient punis. "En l'absence de sanction contre les agresseurs, toute déclaration officielle visant à rassurer la presse ne serait que gesticulation. Surtout dans un pays où l'impunité est la règle pour les partisans du gouvernement qui menacent, agressent ou tuent des journalistes", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation. Ce dernier a par ailleurs qualifié les dernières déclarations du Président mettant en doute le travail de la presse d'"incitation à s'en prendre aux journalistes" au moment où l'on attend de lui "de rappeler à l'ordre (ses) partisans".
Le 26 septembre 2002 en fin d'après-midi, la station privée de Port-au-Prince Radio Kiskeya a décidé de suspendre ses émissions et d'évacuer ses bureaux après avoir reçu des informations sur une possible tentative d'incendie de ses locaux le soir même. Radio Kiskeya avait également reçu plusieurs appels téléphoniques ou fax de menaces. Selon l'agence de presse internationale Reuters, l'incident survient après que la radio avait rapporté l'arrestation d'un membre de la société civile dénonçant le scandale de la faillite des coopératives dans laquelle plusieurs milliers d'Haïtiens ont perdu de l'argent. Radio Kiskeya a repris ses émissions le lendemain soir.
Le 26 septembre, la station Caraïbes FM, également basée à Port-au-Prince, a aussi décidé de suspendre pendant quelques heures ses émissions d'informations. La direction de la radio souhaitait ainsi protester contre des menaces reçues par Caraïbes FM et attribuées à des organisations proches du pouvoir.
Enfin, le 27 septembre 2002, Roger Damas, de Radio Ibo, a été agressé par trois inconnus à son arrivée à la station. Les trois hommes auraient menacé de mettre le feu à la radio.
M. Mario Dupuy, secrétaire d'Etat à la Communication, a déclaré le même jour que cette situation était "inacceptable" et que les autorités "n'allaient pas la tolérer". Par ailleurs, selon l'Agence haïtienne de presse (AHP), le président Jean-Bertrand Aristide a dénoncé pour sa part les personnes qui utilisent des "montages" pour "tenter de faire croire que la presse est bâillonnée" en Haïti tout en réaffirmant l'engagement du gouvernement à respecter et protéger la liberté de la presse.
A plusieurs reprises, Reporters sans frontières a dénoncé l'impunité dont bénéficient les auteurs de menaces, d'agressions ou d'assassinats de journalistes, le plus souvent des sympathisants déclarés du gouvernement qui reprochent à la presse ses critiques de la gestion gouvernementale.
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20.01.2016