Les durs du régime poursuivent leur offensive contre la presse. L'incarcération, les 11 et 12 janvier, de deux journalistes du quotidien Hayat-é-No et la fermeture de leur journal sont survenues suite à la publication d'une caricature américaine datant de 1937 (!) que le clergé iranien a qualifiée d'"insultante" à l'égard de l'ayatollah Khomenei.
Durant le week-end des 11 et 12 janvier, deux journalistes ont été arrêtés et deux publications fermées. L'incarcération de Alireza Eshraghi et Rahman Ahmadi, journalistes du quotidien Hayat-é-No, et la fermeture de leur journal sont survenues suite à la publication d'une caricature américaine (voir ci-dessous) datant de 1937 (!) que le clergé iranien a qualifiée d'"insultante" à l'égard de l'ayatollah Khomenei.
Reporters sans frontières demande aux autorités iraniennes la libération immédiate des deux journalistes de Hayat-é-No ainsi que la réouverture du journal et du quotidien Bahar. "Une fois de plus, les durs du régime prennent en otage la presse réformatrice pour régler des différends politiques. On souhaiterait qu'au-delà des mots, les réformateurs agissent concrètement pour mettre un frein à ces attaques", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. L'organisation demande également la libération des dix journalistes actuellement incarcérés. L'Iran est aujourd'hui la plus grande prison du Moyen-Orient pour les journalistes.
Le 11 janvier, le quotidien réformateur Hayat-é-No a été suspendu par le tribunal du clergé et son directeur, Hedi Khamenei, convoqué par cette même cour. Ces mesures sont intervenues après la publication d'une caricature, le 8 janvier dernier. Cette dernière représentait un homme âgé, à la barbe blanche, vêtu d'une longue robe noire et assis par terre, avec le pouce d'une main géante (où est inscrit "Roosevelt" sur la manche) pressant sur sa tête. La caricature illustrait un entretien avec un professeur en sciences sociales sur le thème de l'effondrement social, sans rapport évident, donc, avec l'interview. Ce dessin, pris sur un site officiel américain, avait été publié en 1937 dans un journal américain pour illustrer les pressions du président Roosevelt sur la Cour suprême américaine.
Le 12 janvier, à l'initiative d'associations religieuses de la ville sainte de Qom, des manifestations ont été organisées dans cette ville pour protester contre cette caricature jugée "insultante" à l'égard de l'ayatollah Khomenei. Selon des témoins, les manifestants ont scandé "mort aux journalistes à la solde de l'étranger" et "Khatami, c'est le dernier avertissement". Dans le même temps, Ali Younessi, ministre des Renseignements, annonçait l'arrestation des trois journalistes du quotidien : Alireza Eshraghi, Hamid Ghazvini et Rahman Ahmadi. Le 12 janvier au soir, Hamid Ghazvini a été libéré mais ses deux confrères demeurent en prison. Le même jour, Hedi Khamenei, directeur du journal, avait accusé les deux journalistes incarcérés d'être responsables de la publication de la caricature, après s'être excusé de ce qu'il avait qualifié de "malentendu".
Le 11 janvier, le quotidien réformateur Bahar a été suspendu sur ordre du tribunal de la presse. Quelques jours auparavant, le quotidien avait publié un article sur les transactions boursières douteuses de la société Alzahra dont trois des actionnaires sont d'importantes personnalités politiques : Hashemi Rafsandjani, ancien président de la République, l'ayatollah Yazdi, ancien chef du système judiciaire, et Ahmad Janati, chef du conseil des gardiens de la Révolution. Bahar avait déjà été suspendu le 8 août 2000 et n'avait pu reprendre sa parution qu'en décembre 2002.