Deux journalistes polonais emprisonnés, une quinzaine d'autres empêchés de travailler : lettre ouverte à Monsieur Miklosz Haraszti, représentant de l'OSCE pour la liberté de la presse

Les journalistes polonais sont actuellement victimes de la crise diplomatique qui sévit entre la Pologne et le Bélarus. Reporters sans frontières a adressé ce jour un courrier à Monsieur Miklosz Haraszti, représentant de l'OSCE pour la liberté de la presse, lui demandant d'intervenir auprès des autorités bélarusses.

Monsieur, Reporters sans frontières, tient à vous faire part de son inquiétude quant à la situation actuelle des journalistes polonais et de la minorité polonaise au Bélarus. En effet, à plusieurs reprises depuis le mois de mars 2005, des journalistes ont été empêchés de travailler librement par les autorités du Bélarus. Depuis le 6 juillet, les atteintes à la liberté de la presse se sont multipliées. Nous dénombrons aujourd'hui deux journalistes polonais ou de la minorité d'origine polonaise condamnés à des peines de prison de dix et quinze jours, et nous avons recensé au moins treize cas d'interpellations de journalistes, deux cas de journalistes condamnés à des amendes, et deux cas d'interdiction d'entrée sur le territoire. Le 6 juillet 2005, Andrei Pochobut, rédacteur en chef de Magazyn Polski, et Ihar Bantsar, journaliste de l'hebdomadaire de langue polonaise au Bélarus Glos znad Niemna, ont été condamnés respectivement à des amendes de 2 000 et 200 euros, pour avoir manifesté contre la publication de quatre exemplaires falsifiés par les autorités bélarusses de Glos znad Niemna. Le 27 juillet, Andrei Pochobut, rédacteur en chef de la revue Magazyn Polski, a été condamné à quinze jours de prison pour « participation à une manifestation illégale à Chtchoutchine le 3 juillet et désobéissance civile ». Le 3 juillet, il avait manifesté contre la mise sous tutelle de l'Union des Polonais du Bélarus par les autorités. Le 27 juillet, trois journalistes polonais, Waclaw Radzinowicz et Robert Kowalewski, du journal Gazeta Wyborcza (le plus grand quotidien polonais), ainsi qu'Agnieszka Romaszewska, journaliste de la chaîne de télévision polonaise TVP1, ont été interpellés par la police, alors qu'ils venaient couvrir le procès de leurs collègues. Le 27 juillet à 22h, les forces spéciales ont pris le contrôle du siège de l'Union des Polonais du Bélarus. Dix journalistes bélarusses et polonais, présents sur les lieux et travaillant pour Gazeta Wyborcza, Associated Press, Glos znad Niemna, Nasha Niva, Pressbol et le site www.pahonia.promedia.by, ont été cconduits au commissariat, avant d'être libérés deux heures plus tard. Le 4 août, Andrzej Pisalnik, rédacteur en chef de l'hebdomadaire Glos znad Niemna et collaborateur du quotidien Gazeta Wyborcza, a été condamné par le tribunal de Lida (ouest du Bélarus) à dix jours de prison pour « participation à une manifestation illégale à Chtchoutchine le 3 juillet et désobéissance civile. » Le 5 août, les gardes-frontières bélarusses ont refusé l'entrée sur le territoire de Marcin Smialowski, ancien correspondant de la PAP (Polska Agencja Prasowa, agence de presse nationale) au Bélarus, collaborateur de Polskie Radio (la radio publique polonaise) et de la télévision nationale privée TVN. Le journaliste possédait pourtant un visa et les accréditations nécessaires. Le 6 août, Adam Tuchlinski, photographe polonais de l'hebdomadaire Przekroj, a été interpellé à Grodno alors qu'il s'apprêtait à prendre un train pour rentrer en Pologne. Selon les autorités, le journaliste, titulaire d'un visa de tourisme, ne disposait pas des accréditations nécessaires. Il est interdit de séjour au Bélarus pour cinq ans. Connaissant votre engagement en faveur de la liberté de la presse, nous nous permettons de faire appel à vous pour vous demander d'intervenir auprès des autorités compétentes, afin de garantir la sécurité et la liberté des journalistes au Bélarus. Notre organisation considère en effet que les journalistes ne doivent pas être les victimes directes ou indirectes de la crise diplomatique qui sévit actuellement entre la Pologne et le Bélarus. Confiant dans l'intérêt que vous porterez à notre requête, je vous prie de croire, Monsieur, à l'expression de ma très haute considération. Robert Ménard, Secrétaire général
Publié le
Updated on 20.01.2016