Deux journalistes de Reuters blessés à Jabalia - Reporters sans frontières demande à l'armée israélienne l'ouverture d'une enquête
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Reporters sans frontières a demandé au ministre israélien de la Défense, Shaul Mofaz, l'ouverture d'une enquête sur les conditions dans lesquelles deux journalistes de l'agence de presse britannique Reuters ont été blessés, le 6 mars 2003, dans la bande de Gaza.
"L'armée israélienne doit mener une enquête sérieuse et rapide pour faire toute la lumière sur les conditions dans lesquelles deux journalistes ont été blessés alors qu'ils couvraient l'actualité dans les territoires occupés", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation. "L'armée israélienne devra rendre publiques ses conclusions ainsi que les éventuelles sanctions prises, s'il s'avère que des fautes ont été commises."
Ahmed Jadallah et Shams Odeh, respectivement photographe et cameraman travaillant pour Reuters depuis des années, ont été blessés le 6 mars 2003, vers sept heures du matin, alors qu'ils étaient en reportage dans le camp de réfugiés palestiniens de Jabalia. Ahmed Jadallah a été grièvement blessé par des éclats aux jambes. Il a perdu beaucoup de sang et a été évacué par la population vers l'hôpital d'Al-Shifa où il doit être opéré aujourd'hui. L'agence Reuters a déclaré qu'elle tâcherait de faire transférer son journaliste dans un hôpital israélien afin que lui soient prodigués de meilleurs traitements. Quant à Shams Odeh, il souffre d'une blessure au pied moins sérieuse. Le journaliste est également soigné à l'hôpital d'Al-Shifa de Gaza.
Selon des témoins et des sources médicales palestiniennes, les journalistes ont été blessés par un tir d'obus qui a atteint un groupe de personnes en train d'éteindre un incendie, tuant huit d'entre elles. Selon les déclarations d'un officier israélien, une bombe a tout d'abord explosé à l'intérieur d'un bâtiment. Un char a ensuite tiré un obus en direction d'un militant palestinien armé d'un lance-roquettes.
L'incursion israélienne dans le camp de réfugiés de Jabalia (bande de Gaza) a fait au total onze morts. Elle faisait suite à un attentat palestinien la veille, dans la ville de Haïfa, au nord d'Israël, qui a fait quinze morts et une trentaine de blessés, outre son auteur.
Reporters sans frontières rappelle qu'au cours de l'année 2002, huit journalistes, dont deux Français et un Américain, ont été blessés par balles alors qu'ils étaient en reportage dans des villes palestiniennes occupées par l'armée israélienne. Dans la majorité des cas, ces journalistes étaient clairement identifiables et ne représentaient aucun danger pour les militaires. Ils ont été touchés par des tirs de sommation ou d'intimidation, qui ont entraîné des blessures parfois sérieuses. L'organisation déplore et condamne le fait qu'aucun de ces incidents n'a donné lieu à des enquêtes ni à des sanctions de la part de l'armée israélienne.
En janvier 2003, un photographe de l'Agence France-Presse, Saïf Dahla, avait été blessé de deux balles de mitrailleuse à la jambe durant une incursion dans la ville de Jénine (Cisjordanie). Saïf Dahla portait un casque et un gilet pare-balles ce qui le rendait clairement identifiable en tant que journaliste. Une porte-parole de l'armée israélienne, Sharon Feingold, avait démenti catégoriquement que les soldats aient délibérément ouvert le feu contre le journaliste et déclaré qu'une enquête avait été ouverte. Cependant, les conclusions de cette enquête ne sont toujours pas connues et rien ne prouve qu'une enquête soit en cours.
Publié le
Updated on
20.01.2016