Depuis l'assassinat de Julio Palacios Sánchez, deux journalistes menacés de mort, Antonio Colmenares et Jorge Corredor, ont dû fuir la ville. Le chef de la police locale, José Humberto Henao a annoncé qu'il était sur le point d'arrêter les assassins de Julio Palacios Sánchez.
Depuis l'assassinat de Julio Palacios Sánchez le 11 janvier 2005 à Cúcuta, les menaces sur des journalistes se multiplient dans cette zone frontalière avec le Venezuela. Deux d'entre eux ont dû quitter la ville. Le 21 janvier, Antonio Colmenares, reporter spécialiste des groupes armés pour un journal local, La Opinión, a fait savoir par message électronique à sa rédaction qu'il avait dû fuir la ville quatre jours plus tôt. Il n'a donné aucun autre détail.
Le 12 janvier, Jorge Corredor, animateur du bulletin d'information « El Pregón del Norte », diffusé sur la radio La Voz del Norte, avait dû s'exiler au Venezuela après avoir été menacé de mort par téléphone. Le lendemain, il annonçait qu'il pensait trouver refuge en Europe.
Selon un article publié le 24 janvier par le quotidien El Tiempo, le chef de la police locale, José Humberto Henao, a annoncé qu'il était sur le point d'arrêter les assassins de Julio Palacios Sánchez. Il n'a pas donné plus d'informations sur l'avancée de l'enquête.
__________________
13.01.05 - Reporters sans frontières réclame une enquête sérieuse sur l'assassinat du journaliste Julio Palacios Sánchez
Reporters sans frontières est indignée par l'assassinat, le 11 janvier 2005, de Julio Palacios Sánchez, animateur de l'émission d'information « El Viento » sur Radio Lemas, à Cúcuta (frontière avec le Venezuela).
« Alors que la piste professionnelle est privilégiée par les journalistes de la région, nous demandons aux autorités de tout mettre en œuvre pour que les auteurs de ce crime soient identifiés et punis », a déclaré Reporters sans frontières. L'organisation leur a également demandé « d'examiner avec les proches et les collègues du journaliste qui le souhaiteraient les mesures à adopter pour garantir leur sécurité. »
En juin 2004, Reporters sans frontières s'était déjà inquiétée de la dégradation de la liberté de la presse à Cúcuta, en raison de la multiplication des menaces et agressions de journalistes (voir http://fbpqwhtvgo.oedi.net/article.php3?id_article=10627).
Avec un journaliste et un collaborateur des médias tués, l'année 2004 avait été moins meurtrière pour la presse en Colombie. Néanmoins, pour Reporters sans frontières, cette diminution ne traduit pas un changement dans ce pays réputé le plus dangereux du continent pour la profession. « Au contraire. La situation reste très difficile car les ennemis de la liberté de la presse - hommes politiques corrompus, narcotrafiquants, groupes armés - entretiennent des relations de plus en plus complexes qui rendent les dénonciations de leurs méfaits encore plus dangereuses », a expliqué l'organisation.
Julio Palacios Sánchez se rendait à Radio Lemas, le 11 janvier au matin, lorsque deux individus à moto ont tiré trois balles à hauteur du thorax avant de prendre la fuite. Selon la police, les tueurs, qui sont parvenus à s'enfuir, ont eu un accident quelques mètres plus loin, et l'un d'eux pourrait être blessé.
Grièvement blessé, le journaliste a réussi à rentrer chez lui au volant de sa voiture. Ses proches l'ont immédiatement conduit à la clinique San José, où il est décédé des suites de ses blessures.
Agé de 55 ans, Julio Palacios Sánchez était journaliste de Radio Lemas sur laquelle il animait également, avec deux autres journalistes, l'émission « La grande polémique du vendredi ». Il avait déjà échappé à une tentative d'assassinat en 1996 et à un attentat en 1998. En octobre 2004, il avait reçu plusieurs appels anonymes, en provenance du Venezuela, menaçant de le tuer s'il ne se taisait pas. Trois autres journalistes de la ville avaient reçu les mêmes menaces.
Journaliste au ton très critique, Julio Palacios Sánchez était réputé pour ses révélations sur des affaires de corruption. Il avait notamment dénoncé le financement présumé de la vie politique locale par l'argent du trafic de drogue. Proche du parti conservateur, il était un partisan notoire du président Alvaro Uribe. Une source ayant requis l'anonymat affirme que le journaliste faisait également du conseil en communication pour des hommes politiques de la région.
Le colonel José Henao, en charge de l'enquête, a affirmé qu'aucun suspect n'avait pour le moment été identifié. Toutefois, en raison du caractère polémique des émissions du journaliste, la piste professionnelle semble privilégiée. Contactés par Reporters sans frontières, des journalistes de la région ont affirmé craindre pour leur vie.
En juin 2004, Reporters sans frontières avait dénoncé les menaces et agressions subies par cinq journalistes de la ville. Le 22 avril 2004, le journaliste Jorge Elias Corredor, de la radio La Voz del Norte, avait été victime d'une tentative d'assassinat à Cúcuta. Sa belle-fille avait été tuée lors de l'agression. Fin 2002, dans cette même ville, trois attentats visant des médias avaient été recensés en un mois seulement.