Le directeur de publication et le rédacteur en chef adjoint de Notre Temps ont été condamnés à six mois de prison et à verser plus de trois mille euros de dommages et intérêts. Reporters sans frontières a écrit au président de la République (photo) pour demander la libération des deux journalistes.
Le 6 février 2003, à N'Djamena, Nadjikimo Bénoudjita, directeur de publication de Notre Temps, et Mbainaye Bétoubam, rédacteur en chef adjoint de l'hebdomadaire, ont été condamnés une peine de six mois de prison et à verser deux millions de francs CFA (plus de 3 000 euros) au titre des dommages et intérêts. Le tribunal les a également condamnés à ne plus exercer leur métier pendant huit mois et a ordonné la fermeture du journal pendant trois mois.
Dans une lettre adressée au président de la République, Idriss Déby, Reporters sans frontières a demandé l'annulation du verdict lors du procès en appel. "Rien ne justifie cette décision. Quel que soit le contenu de l'article incriminé, il n'est pas acceptable que ces deux journalistes soient emprisonnés", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation.
Reporters sans frontières a rappelé que, selon un document de l'Organisation des Nations Unies, "l'emprisonnement en tant que condamnation de l'expression pacifique d'une opinion constitue une violation grave des droits de l'homme".
Les deux journalistes étaient poursuivis suite à une plainte de Madame Hadjé Billy Douga, directrice des affaires sociales au ministère de l'Action sociale et de la femme, et belle-mère du président de la République. Notre Temps avait publié un article selon lequel Hadjé Billy Douga, victime d'un vol de bijoux, se serait vengée en faisant torturer les voleurs présumés. L'un d'eux serait décédé des suites de ses blessures. De son côté, la police affirme que le voleur serait mort des suites d'une maladie incurable. Les deux reporters ont affirmé au tribunal avoir puisé leurs informations dans les registres de la cour d'appel de N'Djamena.
Mbainaye Bétoubam n'a pas pu se rendre au procès pour cause de maladie. Après l'énoncé du jugement, la police est allée le chercher à son domicile pour le conduire à la maison d'arrêt de N'Djamena.