Descente de police contre deux journaux : la levée de la censure n'était-elle qu'un effet d'annonce ?
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Reporters sans frontières condamne le « retour scandaleux des descentes de police dans les imprimeries » au Soudan, après que les forces de sécurité ont, le 6 août 2005, empêché par la force la parution de deux quotidiens en arabe, en dépit des promesses faites par le gouvernement de lever la censure.
« Il aura donc fallu moins d'un mois pour que les promesses de démocratisation faites par le président Omar Hassan Al Bashir, la main sur le cœur, le 11 juillet, soient rompues, a déclaré Reporters sans frontières. Les chefs d'Etat et le secrétaire général de l'ONU, présents lors de cette cérémonie, devraient appeler le président soudanais à respecter sa parole. Nous ne voulons pas croire que la levée officielle de la censure n'était qu'un effet d'annonce. »
Le 11 juillet 2005, devant une assemblée composée de plusieurs présidents africains, du secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, et de nombreux officiels européens et américains, le président Al Bashir a affirmé qu'il s'engageait à soutenir la démocratisation du pays, ainsi que l'Etat de droit et les libertés, et la fin des lois d'exception.
Or, dans la nuit du 5 au 6 août, vers 4 heures du matin, les forces de sécurité soudanaises ont fait irruption à l'imprimerie des quotidiens en arabe Al Watan et Al Wan, ordonné l'arrêt des machines et confisqué toutes les copies disponibles. Aucun motif officiel n'a été fourni par les agents des services de renseignements soudanais.
Selon le rédacteur en chef d'Al Watan, Tahir Sati, cité par l'agence Associated Press (AP), la police s'était déjà présentée, dans la soirée du 5 août, pour analyser le contenu de l'édition en préparation. Les agents s'étaient retirés en fin de soirée, avant de revenir dans la nuit pour saisir les 25 000 copies déjà imprimées. « Aucun motif ne nous a été donné, mais nous pensons que c'est en rapport avec nos critiques du gouvernement et notamment de sa manière de gérer les émeutes et les manifestations », a déclaré Tahir Sati.
De graves émeutes ont éclaté à Khartoum et dans sa banlieue après la mort, le 31 juillet, dans un crash d'hélicoptère, du premier vice-président John Garang, leader du mouvement rebelle Mouvement populaire de libération du Soudan. Le Croissant rouge soudanais a dénombré 130 morts dans trois différentes localités.
Hussein Khogali, rédacteur en chef d'Al Wan, a indiqué quant à lui que 40 000 copies de son journal avaient été saisies. Interrogé par Reporters sans frontières, il a affirmé que cette saisie était « illégale », étant donné la levée officielle de la censure annoncée le 9 juillet. Il a ajouté que cette descente de police était une « claire violation de la liberté d'expression. Le but est de nous mettre en difficulté financièrement. Cette situation envoie un message à nos annonceurs, leur conseillant de ne plus acheter de publicité dans notre journal ». Durant l'année 2004, Hussein Khogali, considéré comme proche de l'opposition islamiste, avait été régulièrement harcelé par la police et avait passé plus d'un mois en détention, dans des conditions déplorables.
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20.01.2016