Les rédactions de plusieurs journaux d'opposition sont depuis quelques jours la cible de violentes attaques et de tentatives d'expulsion de l'immeuble qu'elles occupent à Bakou. Reporters sans frontières demande aux partis et aux médias favorables au gouvernement de cesser de dénigrer et harceler les journaux d'opposition.
En l'espace de quatre jours, l'immeuble qui abrite les rédactions de plusieurs journaux d'opposition ainsi que le quartier général le Front populaire d'Azerbaïdjan (parti d'opposition), situé rue Khagani, à Baku, a été la cible de violentes attaques.
« Reporters sans frontières dénonce ces agissements qui, selon les victimes, sont orchestrés par des proches du pouvoir. Nous réitérons notre demande aux partis et médias favorables au gouvernement pour qu'ils cessent le dénigrement et le harcèlement dont les médias privés sont actuellement victimes, et se conforment aux engagements pris par le chef de l'Etat devant le Conseil de l'Europe et l'OSCE. »
Le quotidien d'opposition Azadlig est depuis quelques jours soumis à des pressions accrues. Les médias gouvernementaux, parmi lesquels la chaîne Lider TV et le journal Yeni Azerbaidjan, relaient l'information selon laquelle les locaux occupés depuis 1992 par la rédaction de ce quotidien le sont illégalement. Les intimidations s'adressent en réalité à plusieurs autres médias et organisations journalistiques qui ont leur siège dans cet immeuble, l'agence TURAN, Bizim yol paper et la Confédération des journalistes.
Des attaques ont eu lieu les 6 et 8 août 2005. Des « manifestants », parmi lesquels figuraient notamment des membres de l'organisation de jeunesse du parti progouvernemental Yeni Azebaïdjan, des policiers en civil et des fonctionnaires de la ville, ont tenté de briser les vitres de l'immeuble, et ont lancé des pierres, des œufs et des tomates. Ils ont insulté et frappé des journalistes présents, leur criant « Nous allons vous mettre dehors ! ».
Le 9 août, les journalistes de l'immeuble et les membres du Front Populaire d'Azerbaïdjan ont été informés de menaces d'incendie. Des membres de la rédaction d'Azadlig et leurs confrères d'autres journaux indépendants se relaient au local pour éviter que ces menaces ne soient mises à exécution.
Des représentants des journaux Azadlig, Zerkalo, Gun-Sahar, Yeni Musavat, Baki Habar, Novoye Vremya, Bizim Yol, de l'agence TURAN, de la Confédération des syndicats de journalistes et de la Ligue démocratique des journalistes ont publié, le 8 août, un appel destiné à la communauté internationale. Les journalistes lui demandent de faire pression sur les autorités pour qu'elles respectent la liberté de la presse et qu'elles mettent fin aux pressions actuelles.
Ces incidents se déroulent dans le contexte particulièrement tendu de période préélectorale, des élections législatives étant prévues en Azebaïdjan pour le mois de novembre 2005.