Contexte hostile pour les journalistes à la veille des élections
Organisation :
Deux journalistes, un Thaïlandais et un Américain ont été blessés le 1er février 2014 à Laksi, dans la banlieue de Bangkok alors qu’ils couvraient des affrontements entre partisans et opposants du gouvernement, à la veille des élections.
“Nous déplorons que des journalistes dans l’exercice de leurs fonctions soient victimes de violences. Nous réitérons notre appel, lancé au début des manifestations, aux forces de l’ordre et aux manifestants des deux bords, à ne pas prendre les reporters et leurs collaborateurs pour cible. Les journalistes doivent être en mesure de poursuivre leur activité d’information du grand public, une activité rendue d’autant plus compliquée dans un contexte aussi sensible. Nous condamnons le choix des opposants au régime de porter des brassards de la même couleur que ceux des journalistes, ce qui entraîne une confusion pouvant avoir de graves conséquences” déclare Lucie Morillon, directrice de la recherche de Reporters sans frontières.
Le 1er février, des affrontements ont éclaté à Lak Si après que les membres de l’opposition ont bloqué le bureau du district, qui devait faire office de bureau de vote pour les élections du dimanche 3 février. Six personnes ont été blessées, parmi lesquelles le photographe américain James Nachtwey, et Jirawan Soukanan, "Jack", 30 ans qui travaille pour le quotidien thaïlandais Daily News. Alors que le premier qui souffrait de légères blessures à la jambe est sorti de l’hôpital, le second a été touché plus sérieusement au visage et à l’épaule, probablement par des éclats de verre d’un cocktail Molotov.
Depuis quelques mois, les manifestants pro et anti-gouvernement s’affrontent dans un climat nauséabond. Dans ce contexte, les médias sont souvent pris à parti et désignés comme appartenant à un camp plutôt qu’à un autre. Ainsi, en décembre dernier, une animatrice de la chaîne Channel 9, Penphan Leamluang, a été aspergée d’eau et malmenée par des manifestants qui lui reprochaient d’avoir donné à l’antenne un faux nombre de manifestants.
En janvier 2014, un animateur de la chaîne d’opposition Bluesky, Teemah “Judd” Kanjanapairin avait été visé à son domicile par un cocktail Molotov, mais n’avait pas été blessé.
Enfin, le 29 janvier 2014, la chaîne satellitaire TNN24 a décidé de retirer ses journalistes du QG du parti d’opposition, le PDRC après que leur leader, Suthep Thaugsuban l’a publiquement accusée de “travailler depuis longtemps pour le gouvernement Thaksin”. Cette déclaration faisait suite à un reportage diffusé par la chaîne à propos d’une échauffourée survenue le 28 janvier entre la police et une foule d’opposants au régime.
La Thaïlande se situe à la 135ème place sur 179 du classement de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2013.
Publié le
Updated on
20.01.2016