Chine : RSF appelle à la libération de la journaliste Huang Xueqin à l’occasion du deuxième anniversaire de sa mise en détention

Après plusieurs mois de report, l’audience préliminaire du procès de la journaliste d'investigation connue pour son implication dans le mouvement #MeToo doit se tenir ce mardi 19 septembre, exactement deux ans après son placement en détention pour une prétendue “subversion du pouvoir de l'État”. Reporters sans frontières (RSF) appelle à sa libération immédiate.

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Mise à jour du 19/09/2023 : Le procès de Huang Xueqin et Wang Jiangbing est prévu pour le vendredi 22 septembre 2023.

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Le mardi 19 septembre 2023 marque le deuxième anniversaire de détention de la journaliste indépendante (Sophia Huang), nominée pour le prix RSF du courage en 2022 et célèbre pour son implication dans le mouvement #MeToo en Chine. Arrêtée aux côtés du militant syndical Wang Jianbing, ils sont tous deux accusés d’un prétendu crime de "subversion du pouvoir de l'État", pour lequel ils encourent une peine maximale de 15 ans de prison.



Après deux ans de report, l'audience préliminaire de leur procès a été fixée au 19 septembre, date anniversaire de leur arrestation, et se tiendra dans un tribunal de la ville de Canton, dans le sud de la Chine. Bien que la date du procès officiel ne soit pas encore connue, il pourrait avoir lieu dans les prochains jours, selon les proches de Huang Xueqin.

“En prolongeant délibérément la détention provisoire de Huang Xueqin, une journaliste reconnue qui n’a fait que servir l’intérêt public en enquêtant sur des sujets de société, le gouvernement chinois affiche sa volonté de faire taire les rares voix indépendantes qui restent dans le pays. Nous appelons la communauté internationale à renforcer la pression sur le régime de Pékin pour obtenir la libération de Huang Xueqin ainsi que celle de tous les autres journalistes et défenseurs de la liberté de la presse détenus dans le pays.

Cédric Alviani RSF
Directeur du Bureau Asie-Pacifique de RSF

Huang Xueqin est actuellement incarcérée au centre de détention n° 1 de Canton, où elle est victime de mauvais traitements, voire d’actes de torture. Au début de sa détention, elle a été placée à l'isolement pendant cinq mois, empêchée de voir un avocat et confrontée à des interrogatoires répétés, souvent en pleine nuit. Huang Xueqin aurait perdu beaucoup de poids, ses menstruations auraient brutalement cessé et elle souffrirait de sévères carences en calcium, d’hypoglycémie et d'hypotension. Ses proches font état de douleurs lancinantes qu’elle ressent à la taille, qui résultent probablement d'interrogatoires prolongés sur la "chaise du tigre”, un outil de torture notoirement employé par la police chinoise.

"Nous sommes révoltés et tristes. Il est scandaleux que le gouvernement ait repoussé le procès pendant si longtemps, alors même que les accusations sont montées de toutes pièces et que l'enquête est terminée, tout cela dans le but de les affaiblir et d’empêcher le public de s'intéresser à leur cas. Nous sommes également bouleversés par les tortures corporelles et les souffrances psychologiques dont sont victimes Huang Xueqin et Wang Jianbing.

Groupe de proches de Huang Xueqin et de Wang Jianbing

Dans les années 2010, Huang Xueqin a travaillé comme journaliste pour des médias grand public en Chine, et a couvert des sujets tels que les droits des femmes, la corruption et la pollution industrielle. Huang Xueqin, qui est notamment célèbre pour son implication dans le mouvement #MeToo en Chine, a déjà été détenue pendant trois mois en 2019, accusée d’“attiser des querelles et de provoquer des troubles", pour avoir couvert les manifestations prodémocratie à Hong Kong.

Depuis que Xi Jinping a accédé au pouvoir en 2012, il a conduit une croisade à grande ampleur contre le journalisme, comme le révèle le rapport de RSF Le Grand Bond en arrière du journalisme en Chine, publié en décembre 2021. Celui-ci détaille les tentatives de Pékin de contrôler l’information et les médias à l’intérieur et hors de ses frontières.

La Chine se situe au 179e rang sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2023, et reste le plus grand prédateur au monde pour les journalistes et défenseurs de la liberté de la presse, avec au moins 114 d’entre eux derrière les barreaux.

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