Chine : RSF appelle à la libération d’un chroniqueur politique australien malade privé de soins

Détenu en Chine pour “espionnage” depuis janvier 2019, le chroniqueur politique australien d’origine chinoise Yang Hengjun est privé de soins médicaux alors que son état de santé s’est gravement dégradé. Reporters sans frontières (RSF) appelle à sa libération immédiate.

Selon ses proches, le chroniqueur politique australien d'origine chinoise Yang Hengjun, âgé de 58 ans, souffre d’un kyste rénal. Malade depuis  des mois, il n’avait jusque-là pas été autorisé par les autorités du centre de détention de Pékin à consulter un médecin. Une fois le diagnostic posé, il n’a pas été informé des détails de celui-ci et des traitements possibles.



Depuis quatre ans, Yang Hengjun est enfermé avec deux autres prisonniers dans une cellule d’à peine 1,2 mètre de large. En 2020, il avait déclaré avoir été victime de torture et avoir subi plus de 300 interrogatoires au cours de sa détention.

"Le refus d’accès aux soins pour les journalistes emprisonnés est malheureusement devenu une pratique courante du régime chinois. Il est à craindre que la détention prolongée de Yang Hengjun dans de telles conditions ne mette sa vie en danger. Nous appelons les démocraties, en particulier le gouvernement australien, à intensifier la pression sur la Chine afin d’obtenir la libération de Yang Hengjun avant qu’il ne soit trop tard.

Cédric Alviani
Directeur du Bureau Asie-Pacifique de RSF

Par le passé, Yang Hengjun, a publié plusieurs articles critiques à l'égard du régime chinois dans le célèbre magazine d'actualités internationales The Diplomat, avant d’être arrêté en janvier 2019 lors d'un voyage avec sa famille en Chine, puis inculpé pour “espionnage”. Son procès s'est tenu en mai 2021, mais l'annonce du verdict a été reportée à plusieurs reprises ces deux dernières années.

En Chine, les journalistes emprisonnés sont soumis de manière quasi-systématique à des traitements dégradants et au refus de soins médicaux : le prix Nobel de la paix et lauréat du prix RSF de la liberté de la presse Liu Xiaobo, et le chroniqueur politique Yang Tongyan sont tous deux morts d’un cancer non traité en 2017 et l’un des principales sources d’information pour les journalistes au Tibet, Kunchok Jinpa, est mort des suites de traitements dégradants en 2021. À l’instar de Yang Hengjun, d'autres défenseurs de la liberté de la presse comme les journalistes Zhang Zhan et Huang Xueqin pourraient aussi connaître un sort funeste.

Depuis son accession au pouvoir en 2012, le dirigeant chinois Xi Jinping poursuit une croisade contre le journalisme, comme le dénonçait RSF dans son rapport Le Grand Bond en arrière du journalisme en Chine publié en décembre 2021, qui rend compte des tentatives de Pékin de contrôler l’information et les médias tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses frontières.



La Chine occupe le 179e rang sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2023. Elle constitue la plus grande prison au monde pour les journalistes et les défenseurs de la presse avec au moins 114 détenus.

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