Chine : RSF appelle à la libération d’un éditeur installé à Taiwan
Reporters sans frontières (RSF) appelle à la libération immédiate de Li Yanhe, ressortissant chinois fondateur d’une maison d'édition taïwanaise spécialisée dans la publication d’ouvrages interdits en Chine, qui est détenu à Shanghai depuis mars 2023.
Li Yanhe, éditeur chinois installé à Taïwan et animateur d'une émission sur la chaîne publique Radio Taiwan International, est détenu au secret par la police de Shanghai depuis plus d'un mois, comme l'a récemment révélé un groupe de 40 écrivains, universitaires et professionnels des médias. Sa détention a été confirmée le 26 avril 2023 par les autorités chinoises, qui évoquent l’ouverture d’une enquête sous prétexte de "sécurité nationale".
Li Yanhe, mieux connu sous le nom de plume "Fucha", est le fondateur et le rédacteur en chef de la maison d'édition taïwanaise Gūsa Press, qui se consacre, entre autres, à la publication d'ouvrages sur la politique chinoise interdits par le régime de Pékin.
"RSF est scandalisée d’apprendre la détention de Li Yanhe, qui est l'un des derniers éditeurs chinois à encore oser publier des ouvrages d'investigation critiques à l'égard du régime. Nous appelons Pékin à communiquer des informations précises sur son lieu de détention et à assurer dans les plus brefs délais son retour auprès de sa famille à Taïwan.
L’éditeur, né en Chine et installé à Taïwan depuis 2009, avait entamé les démarches pour obtenir un passeport taiwanais et s’était rendu à Shanghai pour faire annuler sa citoyenneté chinoise, une formalité exigée par les règles d'immigration taïwanaises, lorsqu’il a brusquement disparu.
Li Yanhe n'est pas l'unique éditeur emprisonné en Chine au cours des dernières années. En 2015, cinq autres éditeurs installés à Hong Kong ont soudainement disparu avant de réapparaître comme prisonniers à la télévision publique chinoise quelques mois plus tard. L'un d'entre eux, l'éditeur suédois d'origine chinoise Gui Minhai, est toujours détenu et a été condamné en 2020 à une peine de dix ans de prison pour avoir "illégalement fourni des secrets d'État et des renseignements à l'étranger".
Depuis son accession au pouvoir en 2012, le dirigeant chinois Xi Jinping poursuit une croisade contre le journalisme, comme le dénonce RSF dans son rapport Le Grand Bond en arrière du journalisme en Chine, qui rend compte des tentatives de Pékin de contrôler l’information et les médias tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses frontières.
La Chine occupe le 175e rang sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2022 et constitue la plus grande prison au monde pour les journalistes et défenseurs de la liberté de la presse, avec au moins 114 d’entre eux derrière les barreaux.