Chine : le journaliste d’investigation Shangguan Yunkai condamné à 15 ans de prison pour des charges fallacieuses
Reporters sans frontières (RSF) dénonce la condamnation de Shangguan Yunkai à 15 ans de prison sur la base d'accusations montées de toutes pièces. Le journaliste d'investigation reconnu pour ses enquêtes sur la corruption des autorités chinoises doit être libéré immédiatement.
Quinze ans de prison et une amende de 380 000 yuans chinois (environ 50 000 euros). Telle est la peine à laquelle le journaliste d’investigation chinois Shangguan Yunkai a été condamné le 5 janvier 2024 par un tribunal de la ville d’Ezhou, dans le centre de la Chine, sur la base de cinq chefs d’accusation, parmi lesquels “attiser des querelles et provoquer des troubles” et “vente de faux médicaments”.
Célèbre pour ses enquêtes sur la corruption des fonctionnaires chinois, Shangguan Yunkai a été arrêté le 20 avril 2023 Il venait de publier un reportage inscrit dansd’une série d'articles dans lesquels le journaliste révélait les méfaits de plusieurs fonctionnaires de la ville d'Ezhou.
“Cette condamnation incroyablement sévère, fondée sur des accusations manifestement montées de toutes pièces, est clairement une mesure de rétorsion contre les enquêtes de Shangguan Yunkai sur la corruption. Nous demandons instamment à la communauté internationale d'accroître la pression sur les autorités chinoises pour obtenir sa libération ainsi que celle de tous les autres journalistes et défenseurs de la liberté de la presse détenus dans le pays.
Shangguan Yunkai, qui a auparavant travaillé dans le média d’État Legal Daily, a administré, ces dernières années, plusieurs groupes de discussion sur WeChat, le principal réseau social chinois, sur lequel il partageait les preuves des violations des règles ou de la loi commises par des fonctionnaires du régime ou des criminels. Dans les années 1990, ses enquêtes avaient déjà dévoilé les pratiques de corruption de Xu Penghang, alors vice-gouverneur de la province du Hubei, et avaient contribué au limogeage de ce dernier.
Depuis 2012, dans le cadre de la croisade du dirigeant chinois Xi Jinping contre le droit à l'information, le régime de Pékin a intensifié sa répression contre les journalistes d'investigation, dont Huang Qi, journaliste chinois de renom et fondateur du média indépendant 64 Tianwang, condamné en 2019 à 12 ans de prison pour “divulgation de secrets d’État” et “communication de secrets d’État à l’étranger” et Huang Xueqin, figure du mouvement #MeToo en Chine détenue depuis septembre 2021 et qui risque 15 ans de prison pour “incitation à la subversion du pouvoir de l'État”.
La Chine est la plus grande prison au monde pour les journalistes et les défenseurs de la presse avec au moins 121 détenus et occupe le 179e rang sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2023.