Censure du quotidien Correio Brazilense : Reporters sans frontières dénonce une décision de justice indigne d'une démocratie
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Le 23 octobre 2002, un juge a ordonné la saisie du quotidien Correio Brazilense s'il publiait la retranscription d'enregistrements de conversations téléphoniques de Joaquim Roriz (Partido do Movimento Democrático Brasileiro, PMDB), gouverneur du District fédéral de Brasilia et candidat à sa propre succession. Le jour même, un représentant de la justice, accompagné de l'avocat du gouverneur, s'est présenté au journal pour s'assurer que la retranscription ne figurait pas dans l'édition du lendemain.
"La censure préalable est une pratique qu'on ne rencontre que dans des régimes dictatoriaux. Elle est indigne d'une démocratie comme le Brésil", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. Ce dernier a qualifié de "honteux" et "choquant" qu'un élu, qui prétend être reconduit dans son mandat, puisse recourir à des pratiques aussi antidémocratiques.
"Cette décision est contraire à la Convention américaine des droits de l'homme ratifiée par le Brésil. En aucun cas, il n'appartient au pouvoir judiciaire de décider ce que peuvent lire ou non les Brésiliens", a souligné l'organisation. Reporters sans frontières a précisé "qu'exclure la censure ne revient pas à dégager les médias de toute responsabilité. Ceux-ci restent passibles de poursuites civiles et de paiements de dédommagements en cas de diffamation avérée".
Le 23 octobre, le juge Jirair Meguerian, du tribunal régional électoral de Brasilia, a ordonné la saisie, "par la force si nécessaire", de tous les exemplaires de l'édition du lendemain du quotidien Correio Brazilense si elle contenait la retranscription des enregistrements de conversations téléphoniques du gouverneur Joaquim Roriz (PMDB) avec les frères Passos, deux hommes d'affaires. Ces enregistrements mettraient en cause le gouverneur dans une affaire d'appropriation illégale de terres. Dans la soirée, Ricardo Yoshida, représentant de la justice, accompagné d'Adolfo Marques da Costa, avocat de Joaquim Roriz, se sont présentés au journal pour s'assurer que l'édition du 24 octobre ne contenait pas la retranscription incriminée.
La décision du juge a été prise à la demande du gouverneur et de la coalition Frente Brasília Solidária, qui soutient sa candidature. Les deux ont invoqué des "forts indices" que le quotidien allait publier la retranscription des conversations pour saisir le juge. L'interdiction pèse sur le journal depuis le 1er octobre.
Publié le
Updated on
20.01.2016