Reporters sans frontières demande aux autorités de prendre des mesures rapides pour garantir la liberté de la presse en Côte d'Ivoire. Les radios internationales ne peuvent plus être captées en FM, et deux journalistes ont été agressés par des sympathisants du pouvoir en place.
Reporters sans frontières s'est inquiétée de la situation de la liberté de la presse en Côte d'Ivoire depuis les événements du 19 septembre 2002.
"Cela fait maintenant quatre jours que les radios internationales ne sont plus captées en FM en Côte d'Ivoire. Le gouvernement prétend qu'il s'agit d'une panne technique. Or, le peu d'explications données à ce sujet par les autorités et certains propos tenus par les médias d'Etat accusant ces radios d'avoir "distillé des fausses informations" portent à croire qu'il ne s'agit pas d'une simple panne. Nous demandons au ministre de la Communication de prendre des mesures immédiates afin que ces radios puissent recommencer à émettre au plus vite", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières.
Par ailleurs, Reporters sans frontières a demandé au gouvernement de tout mettre en œuvre afin de protéger les journalistes en Côte d'Ivoire. "Les représentants de la presse étrangère et ceux des journaux d'opposition sont particulièrement exposés. Le chef de l'Etat, Laurent Gbagbo, doit rappeler publiquement son engagement en faveur de la liberté de la presse et lancer un appel au calme à tous ses militants et sympathisants", a ajouté Robert Ménard.
Les stations étrangères British Braodcasting Corporation (BBC), Radio France Internationale (RFI) et Africa N°1 ne peuvent plus être captées en modulation de fréquence depuis le 22 septembre 2002. Le lendemain, le ministre de la Communication par intérim, Lia Bi Douayaoua, avait affirmé n'avoir donné "aucune instruction en ce sens".
Par ailleurs, le 25 septembre, selon les informations recueillies par Reporters sans frontières, Alain Amontchi, cameraman de l'agence de presse Reuters, a été pris à partie lors d'une manifestation devant l'ambassade de France à Abidjan. Sa caméra a été brisée par plusieurs manifestants qui ne souhaitaient pas la présence de la presse étrangère. Près de 3 000 jeunes qui se qualifiaient eux-mêmes de "patriotes" s'étaient rendus à l'ambassade pour demander à la France de leur remettre Alassane Dramane Ouattara, le président du Rassemblement des Républicains (RDR, opposition). Ce dernier s'était réfugié à l'ambassade de France, craignant pour sa sécurité.
Deux jours auparavant, Mamady Keita, reporter du quotidien Le Patriote (proche du RDR) a été agressé par des membres d'un mouvement de jeunesse proche du chef de l'Etat. Le journaliste a été blessé au crâne et à l'arcade sourcilière. Les jeunes l'ont accusé d'être un espion. Le Patriote et Tassouman, un autre titre proche du RDR, ne paraissent plus depuis plusieurs jours en raison de menaces persistantes, selon leurs directions.
Le même jour, un touriste espagnol a également été malmené, dans le centre d'Abidjan, par des jeunes qui l'ont pris pour un journaliste étranger. Le touriste a été secouru par des policiers en civil.
Enfin, Mohamed Fajah Barrie, reporter du journal sierra-léonais Concord Times est bloqué à Bouaké (centre de la Côte d'Ivoire) depuis six jours, en raison des affrontements qui sévissent dans cette ville. Le journaliste avait été envoyé par sa rédaction pour couvrir un tournoi de football auquel devait participer une équipe sierra-léonaise.