Birmanie : le journaliste Aung San Lin condamné à six ans de prison
Reporter pour la Democratic Voice of Burma (DVB), Aung San Lin a été condamné jeudi 7 juillet à une lourde peine de réclusion criminelle pour “actes de terrorisme” et diffusion de “fausses nouvelles”. Face à cette décision arbitraire, Reporters sans frontières (RSF) appelle la communauté internationale, à commencer par l’ONU, à durcir les sanctions contre le régime militaire birman.
“‘Terrorisme’ et ‘fausses nouvelles’ : voilà, désormais, comment la justice birmane, aux ordres des généraux, considère le travail journalistique, tranche le responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF, Daniel Bastard. Face à cette escalade de la répression, la communauté internationale ne doit plus, ne peut plus ignorer le drame qui se joue contre les journalistes en Birmanie. Nous appelons la Haute-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Michelle Bachelet, à intervenir au plus vite pour durcir les sanctions contre la junte birmane, seul frein à cette fuite en avant dans la terreur.”
Aung San Lin, correspondant de longue date de la DVB, le média historique du combat pour une presse libre en Birmanie, a été condamné à une peine de six ans de prison et de travaux forcés. La décision a été rendue ce jeudi 7 juillet par le tribunal militaire de Wetlet, une ville située dans la région de Sagaing, au nord-ouest du pays.
Sept mois de détention “provisoire”
Plus précisément, le reporter a été condamné à deux ans de réclusion sur la base de l’article 505(a) du Code pénal, qui punit la diffusion de “fausses nouvelles”, et qui est le plus souvent invoqué pour réprimer les journalistes indépendants. Mais il écope de quatre ans supplémentaires selon les termes de l’article 52(b) de la loi antiterroriste qui punit, sans plus de détails, des “actes terroristes”.
Arrêté sans motif officiel à son domicile le 11 décembre 2021, au milieu d’une flambée des violences des militaires contre les journalistes, Aung San Lin a été maintenu en détention dite “provisoire” pendant sept mois. Sa famille n’a reçu aucune nouvelle de lui pendant plusieurs semaines.
Le reporter est le cinquième membre de la DVB à être incarcéré depuis le coup d’État du 1er février 2021. Selon le baromètre de RSF, 66 journalistes et employés de médias sont actuellement détenus de façon arbitraire en Birmanie. Avant le putsch, on n’en comptait que deux.