Au moins vingt-cinq journalistes agressés à la sortie d'un meeting du président Musharraf
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Dans une lettre adressée au ministre pakistanais de l'Information, Nisar A Memon, Reporters sans frontières (RSF) a protesté contre l'agression de plus de vingt-cinq journalistes par la police à la sortie d'un meeting du président Pervez Musharraf à Faisalabad. "En début de campagne pour le référendum, l'utilisation de telles méthodes à l'égard de la presse augure mal du climat dans lequel va se dérouler cette élection cruciale pour le Pakistan", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF. L'organisation de défense de la liberté de la presse a demandé au ministre de l'Information de faire tout ce qui est en son pouvoir pour que l'enquête diligentée par le Président aille à son terme, et que des sanctions soient prises à l'encontre des responsables de ces brutalités.
Selon les informations recueillies par RSF, au moins vingt-cinq journalistes ont été blessés, dont trois sérieusement, le 14 avril 2002, alors qu'ils sortaient d'un meeting de campagne du président Musharraf à Faisalabad (province du Pendjab, est du pays). Le gouverneur de la province du Pendjab, Khalid Maqbool, avait ouvert le rassemblement à l'Iqbal Stadium par une diatribe contre la presse pakistanaise, coupable selon lui de "mépriser l'opinion publique en publiant des informations fausses", notamment sur le nombre de personnes qui avaient assisté au meeting du Président à Lahore. Le gouverneur avait ainsi exhorté la foule présente à huer les journalistes, afin de dénoncer "leur couverture erronée des événements et leur attitude irresponsable". Les journalistes, réunis dans l'aire réservée à la presse, ont alors quitté la salle en criant des slogans hostiles au gouverneur, et décidé d'organiser une marche de protestation. A leur sortie du bâtiment, ils sont hués par la foule. Selon un témoin, le chef de la police du district, Arshad Dogar, aurait alors ordonné aux policiers présents de charger les reporters. Toujours selon ce témoin, un haut responsable aurait ordonné à la police " de faire quelque chose afin de faire payer aux journalistes le prix de leur tentative de boycott". Plus de vingt-cinq journalistes ont été frappés à coup de matraques par les forces de l'ordre : A.R Shuja, Tahir Rasheed, Tasneem, journalistes pour le quotidien Khabrain, Mian Aslam, journaliste pour le quotidien Business Report, Mehtabuddin Nishat, journaliste pour le quotidien Daily Ghareeb, S. Safraz Sahi du journal Insaf, Malik Naeem du quotidien Parwaz, Naseer Chema et Muhammad Bilal du quotidien Current report, Ramzan Nasir du quotidien Tehrik, Mayed Ali du quotidien The News, Roman Ihsang du quotidien Jang, Nasir Butt et Khalid du quotidien Daily Pakistan, Mian Saeef du quotidien Ausaf, Jawed Saddiqui du quotidien Musawat, Saeed Qadri du quotidien Din, Mian Rifaat Qadri, de l'agence de presse News International Network (NNI), Jawed Malik du journal Soorat-i-Hal, Ashfaq Jahangir du quotidien Parwaz. Sarfraz Ahmad Sahi, chef de bureau du quotidien Insaf, Mian Nadeem, journaliste pour l'agence de presse indépendante Online, et Mehtabbudin, journaliste pour un quotidien local en ourdou, ont été blessés à la tête. Mais les autorités ont ordonné aux hôpitaux de ne pas délivrer de certificats médicaux, nécessaires lors du dépôt d'une plainte, aux journalistes qui en feraient la demande.
Le ministre de l'Information, Nisar A Memon, a déclaré le même jour que le président Musharraf avait pris cet incident très au sérieux et qu'il avait aussitôt demandé l'ouverture d'une enquête afin de sanctionner "les policiers qui avaient transgressé la loi".
Publié le
Updated on
20.01.2016