Reporters sans frontières demande au président Jacques Chirac, en visite en Russie à partir du 19 juillet, d'évoquer auprès de son homologue Vladimir Poutine le cas du journaliste emprisonné Grigory Pasko.
Le président de la République française, Jacques Chirac, doit rencontrer vendredi 19 et samedi 20 juillet 2002 à Sotchi le président russe Vladimir Poutine.
Dans un courrier qui lui a été adressé le 17 juillet, dont Reporters sans frontières reproduit ci-dessous des extraits, l'organisation a insisté pour que soit évoquée à cette occasion le cas du journaliste Grigory Pasko, incarcéré depuis décembre 2001, et dont la condamnation à une peine de prison de quatre ans a été confirmée le 25 juin 2002, par la Chambre militaire de la Cour suprême à Moscou.
"Nous vous demandons d'évoquer à nouveau ce cas grave de violation des droits fondamentaux en Russie et d'intervenir en faveur de la libération rapide du journaliste Grigory Pasko", a déclaré Robert Ménard. "Nous rappelons que Grigory Pasko, accusé d'espionnage pour avoir rendu publiques des images de déversement de déchets radioactifs liquides par la flotte militaire russe en mer du Japon, a déjà passé plus de vingt mois en prison entre 1997 et 1999. Les informations diffusées en 1997 par Grigory Pasko étaient de notoriété publique et ne pouvaient constituer des secrets d'Etat".
(…) "Semaine après semaine, les faits sont là qui démentent les déclarations rassurantes du pouvoir sur l'état de la liberté de l'information en Russie. Après le démantèlement, en 2000 et 2001 des principaux groupes de presse privés des magnats du secteur de l'information, la recrudescence du nombre de meurtres ou d'attaques de journalistes achève de contraindre l'ensemble de la presse à l'autocensure. (…) Les pressions sur la presse s'aggravent considérablement dans plusieurs républiques de la Fédération de Russie et dans les régions périphériques du Grand-Nord et de Sibérie. Les autorités régionales multiplient les menaces, les pressions et les entraves envers les organes de presse indépendants. Les actes de violence envers les journalistes y sont en augmentation constante depuis deux ans. Vladmir Oustinov, procureur général de Russie, a lui-même demandé, le 12 juillet, aux procureurs régionaux de la Fédération de Russie de s'opposer à toute restriction de la liberté de la presse de la part des autorités régionales. "
(…) "Cette évolution est lourde de menaces pour la Russie. C'est pourquoi nous vous demandons de rappeler, à l'occasion de vos différents entretiens avec votre homologue, que le libre exercice du droit à l'information est la condition de l'avenir démocratique du pays. Le cas du journaliste Grigory Pasko est, à cet égard un test de l'engagement des autorités russes à préserver cette liberté fondamentale" a conclu M. Ménard.