Akbar Ganji transféré aux soins intensifs : Reporters sans frontières demande une médiation indépendante
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Paris, 9 août 2005 (Agence France-Presse)
L'association de défense de la liberté de la presse Reporters sans frontières (RSF) souhaite que quelqu'un puisse rendre visite au prisonnier politique et journaliste iranien Akbar Ganji, a déclaré mardi à l'AFP son secrétaire général, Robert Ménard. « On demande que l'un des avocats d'Akbar Ganji ou qu'un membre de sa famille puisse le rencontrer à l'hôpital (où il se trouve depuis le 17 juillet, ndlr), afin de se rendre compte de son état de santé et de savoir s'il a arrêté ou non sa grève de la faim », a déclaré M. Ménard.
Selon le secrétaire général de RSF, « il y a eu mardi des déclarations contradictoires » sur l'arrêt ou non de la grève de la faim du dissident. « Le ministère de la Justice a annoncé qu'il avait cessé sa grève de la faim, mais le porte-parole de l'hôpital a déclaré qu'il refusait toujours de s'alimenter. Or, depuis le début de cette affaire, les autorités iraniennes ont plusieurs fois annoncé à tort la fin » du mouvement d'Akbar Ganji, a souligné M. Ménard.
RSF, qui avait appelé lundi le dissident à cesser sa grève de la faim, s'inquiète de « la gravité de son état de santé », a poursuivi M. Ménard. « Aucun de ses avocats ne l'a vu depuis le 17 juillet et son arrivée à l'hôpital, et sa famille ne l'a pas vu depuis le 1er août », a-t-il ajouté.
Akbar Ganji, 46 ans, le plus emblématique des prisonniers politiques iraniens, a été condamné en 2001 à six ans de prison après un article mettant en cause plusieurs dignitaires dans une série de meurtres d'intellectuels et d'écrivains. Le dissident a entamé le 11 juin une grève de la faim pour obtenir sa libération sans condition. Il a été transféré le 17 juilleet de sa prison à l'hôpital pour y subir, selon la justice iranienne, une opération au ménisque. Il reste sous étroite surveillance et rien n'indique qu'une opération ait effectivement été pratiquée.
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09.08.2005 Reporters sans frontières appelle Akbar Ganji à arrêter sa grève de la faim
Dans une lettre datée du 8 août 2005, Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières, a appellé Akbar Ganji à cesser sa grève de la faim, alors qu'un commando d'agents du parquet de Téhéran a saccagé le domicile du journaliste iranien, brutalisé et insulté sa femme et sa fille, les menaçant de les arrêter pour « espionnage ».
Vers 9 heures du matin, le 8 août, des dizaines d'agents en civil ont fait irruption au domicile d'Akbar Ganji, à Téhéran. Après avoir fouillé l'appartement familial, ils ont saisi un nombre important de documents, albums de photographies, disquettes informatiques, agendas et effets personnels de sa fille. L'épouse du journaliste, Massoumeh Shafiie, a été menottée, frappée et menacée d'arrestation, sous prétexte d'avoir « transmis des informations aux médias étrangers ». Sa fille a été insultée. Les agents du parquet de Téhéran ont finalement quitté les lieux après plus d'une heure de perquisition.
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Lettre à Akbar Ganji
Paris, le 8 août 2005
Cher ami,
Même si ton lit d'hôpital est sous surveillance, je sais que tu m'entends. Je veux te parler en ami.
Cher Akbar, nous avons besoin de toi. Nous avons besoin de ton courage et de ton esprit pour continuer le combat. Je t'écris cette lettre pour te demander d'arrêter ta grève de la faim. Aujourd'hui, ton épouse Massoumeh Shafiie, ton avocate Shirin Ebadi et moi, nous refusons de te laisser glisser vers l'irrémédiable. A compter d'aujourd'hui, ton corps peut subir des séquelles irréversibles. Nous ne voulons pas perdre l'une de nos voix les plus nobles et les plus puissantes : le journaliste Akbar Ganji.
Je sais que tu accepteras d'écouter tes amis et que tu auras le courage de leur donner raison.
Je veux te redire que nous sommes à tes côtés, que nous l'avons été hier et que nous voulons encore l'être demain. Nous ne cesserons pas d'informer l'opinion, de presser les politiques, de secouer des institutions trop souvent immobiles jusqu'à ce que ta liberté te soit rendue, ainsi qu'à tes quatre confrères en prison, Hossein Ghazian, Slamak Pourzand, Ejlal Eghvami et Roya Touloui.
Tu as fait beaucoup pour que tes contemporains prennent conscience de l'état désastreux des libertés en Iran. Hier, en enquêtant, en écrivant, en révélant le vrai visage de ces puissants qui gouvernent ton pays. Depuis le 11 juin, en ne t'alimentant plus, pour forcer tes bourreaux à te rendre justice. Car ta grève de la faim a montré clairement que « justice » est un mot qu'ils ne connaissent pas, ces juges qui t'ont condamné. Ils ne sont pas au service de l'équité et du droit, ils se sont faits les hommes de main serviles d'un pouvoir despotique.
L'écho de ta révolte a fait le tour du monde. Le président américain George W. Bush, l'Union européenne et la France ont publiquement demandé ta libération. Les organisations internationales de défense des droits de l'homme se sont mobilisées. Dix lauréats du prix Nobel, dont ton amie Shirin Ebadi et Monseigneur Desmond Tutu, ont, ensemble, dénoncé le comportement du gouvernement iranien et demandé aux diplomates en poste à Téhéran de venir à ton chevet. Samedi, Sir Richard Dalton, ambassadeur de Grande-Bretagne en Iran, dont le pays assure actuellement la présidence de l'Union européenne, a voulu venir te voir. En se drapant dans un orgueil nationaliste de mauvais goût, le ministère iranien des Affaires étrangères a refusé. En tournant tous les visages vers ton lit d'hôpital, tu as forcé le monde à regarder en face les souffrances de l'Iran.
J'attends de tes nouvelles avec impatience.
Robert Ménard
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18.07.2005
Le journaliste iranien Akbar Ganji, en grève de la faim depuis 37 jours a été hospitalisé le 17 juillet à l'hôpital public Milad (nord de Téhéran). Sa famille et son avocat n'ont cependant pas été autorisés à lui rendre visite.Son épouse, contactée par Reporters sans frontières, a exprimé son inquiétude et son manque de confiance dans les autorités iraniennes. L'organisation est "indignée" du comportement de la justice iranienne et demande un droit de visite "immédiat" pour la famille et l'avocat comme le prévoit la loi iranienne.
"La famille d'Akbar Ganji ainsi que son avocat doivent bénéficier d'un droit de visite pour s'enquérir au plus vite de l'état de santé du journaliste qui a déjà perdu 22 kilos en un mois. L'attitude de la justice iranienne est inadmissible et les autorités sont directement responsables du sort d'Akbar Ganji. Il n'est pas acceptable de laisser un journaliste mourir à petit feu et de ne pas lui permettre d'accéder aux soins dont il a besoin. Ce comportement constitue une violation grave des droits de l'homme", a déclaré Reporters sans frontières.
Akbar Ganji a été condamné en 2001 à six ans de prison après un article mettant en cause plusieurs dignitaires du régime dans une série de meurtres d'intellectuels et d'écrivains. Incarcéré à la prison d'Evine, il a entamé une grève de la faim le 10 juin 2005 et a perdu 22 kilos depuis cette date.
Le président américain Georges Bush, l'Union Européenne ainsi que de nombreuses organisations internationales de défense des droits de l'homme ont demandé sa libération.
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16.06.05 - Les familles d'Akbar Ganji et Nasser Zarafshan attaquées et interpellées
Le 16 juin 2005, des membres de la famille du journaliste Akbar Ganji, dont son épouse et son frère, le journaliste Masoud Bastiani et deux membres de l'Association des écrivains iraniens ont été tabassés par des officiers de police à coups de matraque, interpellés et détenus toute la journée dans les bureaux des services de renseignements de la police, puis au parquet général de Téhéran. Ils participaient au sit-in organisé par les proches des prisonniers devant la prison d'Evin. La veille, la police avait déjà dispersé une soixantaine de personnes rassemblées devant la prison.
Les avocats d'Akbar Ganji n'ont pas eu le droit de voir leur client, depuis sa réincarcération le 10 juin dernier. Selon le procureur de Téhéran, Saïd Mortazavi, le journaliste se trouve actuellement dans "la suite", surnom d'un quartier spécial de la prison qui est sous la responsabilité unique du parquet et où Zahra Kazémi a été assassinée.
L'épouse de Nasser Zarafshan, avocat des intellectuels et journalistes iraniens assassinés, a fait part à Reporters sans frontières de sa vive inquiétude quant à l'état de santé de son mari. En effet, selon le médecin de la prison, sa tension est très basse et il aurait perdu 10 kilos depuis le début de sa grève de la faim, le 7 juin dernier.
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15.05.2005 - Des dissidents détenus se voient refuser des soins médicaux.
Akbar Ganji et Nasser Zarafshan, deux critiques déclarés du gouvernement, se sont vus refuser des soins médicaux en prison. La demande de soins effectuée par l'administration pénitentiaire a été rejetée par les autorités judiciaires.Avec Shirin Ebadi, lauréate du prix Nobel de la paix, Human Rights Watch, Amnesty International, la Fédération internationale des droits de l'homme et Reporters sans frontières ont exprimé le 15 juin leur inquiétude pour la santé et la sécurité de ces dissidents.
Akbar Ganji, journaliste d'investigation qui a révélé l'implication de responsables gouvernementaux dans les homicides d'intellectuels et de journalistes dans les années 1990, a été placé en détention en avril 2000. Il a été par la suite condamné à six ans d'emprisonnement pour des chefs d'inculpation vagues, notamment des « agissements contre la sécurité nationale » en relation avec sa participation à une conférence à Berlin. Akbar Ganji se trouve en prison depuis plus de 62 mois.
« Akbar Ganji est prisonnier pour avoir critiqué pacifiquement les autorités », a déclaré Shirin Ebadi, qui est également son avocate. « Les mauvais traitements qu'il subit en prison constituent une violation grave des normes fondamentales relatives aux droits humains. »
Akbar Ganji, qui souffre d'asthme aigu, est actuellement détenu à l'isolement dans la prison d'Evin, à Téhéran. Il n'a droit à aucun contact avec sa famille ou ses avocats. Il a été brièvement libéré pour recevoir des soins le 30 mai dernier, mais a été de nouveau emprisonné ce 10 juin avant d'avoir pu se faire soigner. Selon son épouse, Akbar Ganji a commencé une grève de la faim dès qu'il est retourné à la prison d'Evin.
Nasser Zarafshan est avocat ; il a représenté les familles des intellectuels et des journalistes tués par des agents du ministère des renseignements, en 1998. En 2002, Nasser Zarafshan a été condamné par un tribunal militaire, à l'issue d'un procès manifestement inéquitable, à cinq années d'emprisonnement pour « divulgation de renseignements confidentiels. »
Nasser Zarafshan, qui souffre d'une maladie rénale, a instamment besoin de soins médicaux. Son avocat, Mohammed Ali Dadkhah, a déclaré à Human Rights Watch qu'aucun spécialiste ne s'occupait de son client en prison. Pour protester contre sa condition, Nasser Zarafshan a également entamé une grève de la faim ce 7 juin ; son état de santé se dégraderait.
Akbar Ganji et Nasser Zarafshan sont tous deux gravement malades et ont un besoin urgent de soins médicaux. Le refus de tels soins constitue un châtiment cruel, inhumain et dégradant, interdit par le droit iranien et l'article 7 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, dont l'Iran est partie.
Human Rights Watch, Amnesty International, la Fédération internationale des droits de l'homme et Reporter sans frontières, ainsi que Shirin Ebadi, lauréate du prix Nobel de la paix, ont rappelé que les autorités iraniennes étaient responsables de la santé et de la sécurité de toutes les personnes détenues par l'État, notamment Akbar Ganji et Nasser Zarafshan.
Il y a plus de 15 ans, Reporters sans frontières mettait en place le "parrainage" et appelait les médias internationaux à soutenir un journaliste emprisonné. Plus de 200 rédactions dans le monde soutiennent ainsi un confrère en demandant régulièrement sa libération aux autorités concernées et en médiatisant sa situation pour que son cas ne tombe pas dans l'oubli.
Akbar Ganji est parrainé par Le Devoir et Nice-Matin.
Publié le
Updated on
20.01.2016