Il y a deux ans jour pour jour, Omar Sheikh était condamné à mort pour l'enlèvement et le meurtre du journaliste américain Daniel Pearl. Depuis, plusieurs autres suspects ont été arrêtés mais leur procès n'a pas commencé. Reporters sans frontières demande au président pakistanais de continuer d'user de son influence pour que toute la lumière soit faite sur cet assassinat barbare.
Reporters sans frontières se félicite de l'arrestation d'Hashim Qadeer, suspecté d'être impliqué dans l'enlèvement et l'assassinat en 2002 du journaliste nord-américain Le militant islamiste pakistanais a été interpellé le 27 juillet à Gujranwala, dans l'est du pays.
Hashim Qadeer, qui appartiendrait au groupe interdit Harkatul Mujahideen, avait présenté Daniel Pearl à son ravisseur, Sheikh Omar, dans un hôtel d'Islamabad avant de disparaître de la circulation. La police avait, sans succès, mené plusieurs perquisitions à son domicile d'Ahmedur Sharquia, dans la province du Pendjab. Le militant islamiste a finalement été appréhendé, par hasard, selon un policier cité par l'Agence France-Presse, alors qu'il s'apprêtait à prendre un bus pour Rawalpindi, près d'Islamabad.
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03.03.2005
Assassinat de Daniel Pearl : un nouveau suspect arrêté à Karachi
La police pakistanaise a arrêté à Karachi (sud du pays), le 2 mars 2005, un nouveau suspect dans l'affaire Daniel Pearl. Selon la police, Mohammad Sohail a avoué avoir joué un rôle dans l'enlèvement et l'assassinat, en 2002, du journaliste américain du Wall Street Journal. Il est notamment soupçonné d'être celui qui a filmé l'exécution de Daniel Pearl, décapité par ses ravisseurs.
Mohammad Sohail a été arrêté à l'issue d'un échange de tirs avec la police. Il a ensuite été conduit dans un tribunal municipal de Karachi où un magistrat l'a placé en détention provisoire jusqu'au 7 mars pour l'interroger.
Membre du groupe Harkat Jihad-e-Islami et âgé d'une trentaine d'années, Mohammad Sohail est un militant islamiste condamné à mort par contumace pour sa participation à un attentat suicide perpétré devant l'hôtel Sheraton de Karachi, le 8 mai 2002, qui avait coûté la vie à 14 personnes, dont 11 ingénieurs français. Il aurait par ailleurs avoué être impliqué dans la préparation d'un attentat en décembre 2003 contre le président Pervez Musharraf à Rawalpindi (nord du pays).
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17.11.2004
Affaire Daniel Pearl : un deuxième suspect tué par les forces de sécurité
Le 17 novembre 2004, Asim Ghafoor, membre du groupe islamiste armé Harkat-ul Mujahideen, a été abattu au cours d'un affrontement avec la police dans la banlieue ouest de Karachi (Sud). Après Amjad Farooqi, il est le deuxième suspect dans l'assassinat du journaliste américain Daniel Pearl à trouver la mort. Javed Ali Shah Bukhari, inspecteur-général adjoint de la police, a déclaré qu'il était un " associé d'Ahmed Omar Saeed Sheikh ", condamné à mort pour avoir organisé l'enlèvement de Daniel Pearl.
Asim Ghafoor était par ailleurs recherché pour son implication dans une tentative d'assassinat du président Pervez Musharraf et dans l'attentat devant l'hôtel Sheraton de Karachi qui avait notamment tué onze Français, en mai 2002.
Selon l'Agence France-Presse, la police a refusé aux photographes de presse de prendre des clichés du cadavre d'Asim Ghafoor qui, selon un médecin du Civil Hospital de Karachi, a reçu quatre balles, à la poitrine et à la tête.
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28.09.2004
Un suspect dans l'assassinat de Daniel Pearl abattu par les forces de sécurité
Le 26 septembre 2004, les forces de sécurité pakistanaises ont tué Amjad Farooqi alors qu'elles tentaient de l'arrêter à Nawabshah (au nord de Karachi). Soupçonné d'être impliqué dans le meurtre du journaliste Daniel Pearl et dans deux tentatives d'assassinat du président Pervez Musharraf, le criminel pakistanais a, selon les sources policières, ouvert le feu et refusé de se rendre. Les forces de sécurité affirment qu'Amjad Farooqi était un élément clef d'Al Qaida au Pakistan. Egalement connu sous le pseudonyme "Haider", il était activement recherché depuis janvier 2002.
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Affaire Daniel Pearl: lettre ouverte au président Pervez Musharraf
Monsieur Pervez Musharraf
Président de la République
Islamabad
Pakistan
Paris, le 15 juillet 2004
Monsieur le Président,
Cela fait deux ans jour pour jour qu'Ahmad Omar Saeed Sheikh, plus connu sous le nom d'Omar Sheikh, a été condamné à mort par une cour anti-terroriste d'Hyderabad pour l'enlèvement et l'assassinat de Daniel Pearl. Le 23 janvier 2002, le reporter du quotidien américain Wall Street Journal avait disparu alors qu'il enquêtait sur le pirate de l'air britannique Richard Reid. Le 17 mai, la police de Karachi découvrait, dans le jardin d'une maison de la banlieue de la capitale économique du Pakistan, le corps décapité du journaliste. Le 15 juillet, Omar Sheikh était condamné à la pendaison et trois de ses complices à la prison à vie.
Depuis cette condamnation, de nouveaux éléments sont intervenus et il nous semble important que votre gouvernement continue à tout mettre en œuvre pour que les auteurs et les commanditaires soient identifiés, arrêtés et jugés.
Le 18 janvier 2004, Omar Sheikh a été transféré en hélicoptère de la prison d'Hyderabad (Sud) au centre de détention Adiala situé près de Rawalpindi (proche d'Islamabad). Selon le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Abdur Rauf Chaudhry, il s'agit d'une mesure de sécurité. "Les criminels dangereux créent des groupes s'ils sont autorisés à rester au même endroit pendant longtemps. (…) C'est pourquoi ils sont transférés vers différentes prisons", a-t-il affirmé. Mais d'autres informations, notamment diffusées par le quotidien New York Times, font état d'une relation avec la tentative d'assassinat dirigée contre vous le 25 décembre 2003. Il s'agissait d'interroger Omar Sheikh sur l'implication de son groupe, Jaish-e-Mohammad, dans cet attentat suicide. En effet, l'un des kamikazes serait un Cachemiri, ancien militant du Jaish-e-Mohammad. Le journal Dawn a, quant à lui, affirmé que les services secrets militaires - l'ISI, basé à Rawalpindi - souhaitaient interroger Omar Sheikh sur ses liens avec Al-Qaida.
Le 17 février 2004, les deux juges de la Haute cour du Sind en charge du procès en appel d'Omar Sheikh et de ses complices ont demandé aux autorités les raisons de ce transfert. L'avocat du militant djihadiste avait demandé que son client soit présenté devant la cour. "J'ai demandé l'examen médical d'Omar car il a pu être torturé à Rawalpindi. Cependant, la cour veut examiner l'ordre de transfert avant de décider à propos de l'examen médical", a t-il déclaré à la presse. L'avocat a également fait remarquer que ce transfert viole les articles 29, 41 et 161 de la Loi pénitentiaire qui interdisent notamment le transfert d'un prisonnier en attente d'un jugement en appel hors de la juridiction de la Haute cour. De leurs côtés, les autorités pénitentiaires ont présenté un ordre du gouvernement fédéral pour le transfert d'Omar Sheikh, sans plus d'explications. Le 26 février, le gouvernement fédéral a répondu à la cour que les raisons de ce transfert ne pouvaient être révélées car elles touchent à un sujet sensible. Depuis, les autorités se bornent à justifier cette décision par des impératifs de sécurité.
Reporters sans frontières souhaite être informée sur les raisons exactes du transfert de Omar Sheikh, d'autant plus que son procès en appel engagé dans la province du Sind (Sud), est bloqué par cette décision.
Concernant ce procès, Reporters sans frontières est également préoccupée des lenteurs de la procédure. Le 21 janvier dernier, la Haute Cour du Sind avait de nouveau ajourné l'audience de cet appel déposé par les avocats des meurtriers en décembre 2002. Encore récemment, l'avocat des accusés Fahad Naseem, Salman Saqib et Sheikh Mohammed Adeel, et le procureur qui représente les intérêts de l'Etat, ne se sont pas présentés devant la Cour. Selon plusieurs journalistes qui suivent l'affaire à Karachi, le représentant du gouvernement n'a témoigné d'aucun empressement pour faire avancer ce dossier. Encore une fois, notre organisation souhaite être informée des raisons qui pourraient expliquer cette mauvaise volonté du gouvernement dans le déroulement de cette procédure d'appel.
Dans l'éventualité d'un procès en seconde instance, Reporters sans frontières vous prie de bien vouloir intervenir auprès des autorités compétentes pour que les salles d'audience soient ouvertes aux journalistes. Lors du procès en première instance, la presse avait été exclue des débats.
Au-delà de ce procès, notre organisation s'interroge sur la possible inculpation d'autres personnes arrêtées au cours des derniers mois. Le 16 avril 2003, Fazal Karim, l'un des principaux suspects dans l'enlèvement et l'assassinat de Daniel Pearl, a été placé en détention préventive pour possession de drogue dans le district de Thatta (province du Sind). Selon plusieurs sources, Fazal Karim a été arrêté, en juillet 2002, par les forces de sécurité pakistanaises et la CIA à Karachi, en même temps que d'autres suspects dans le cadre de l'enquête sur la mort du reporter du Wall Street Journal. D'après son avocat, Fazal Karim a ensuite été détenu secrètement et de manière illégale par la police pendant près de huit mois.
Le 29 mai 2003, c'était au tour de Qari Abdul Hai, leader présumé du groupe islamiste Lashkar-e-Jhangvi, d'être arrêté à Muzaffargarh (près de Multan, centre-est du Pakistan). Soupçonné d'avoir participé à l'enlèvement, il n'a cependant pas été inculpé dans cette affaire. Il comparaît aujourd'hui devant un tribunal pour le meurtre de six chiites en 1994, crime pour lequel il encourt la peine de mort.
En octobre 2003, des responsables de l'administration américaine ont affirmé au Wall Street Journal avoir des présomptions sur la responsabilité directe de Khalid Cheikh Mohammed, numéro 3 de l'organisation terroriste Al-Qaida, arrêté au Pakistan en mars 2003. Fazal Karim aurait affirmé aux enquêteurs pakistanais avoir vu le dirigeant d'Al-Qaida trancher la gorge du journaliste. Cette information citée en janvier par le magazine américain Time n'a été confirmée ni par les Pakistanais ni par les Américains. Reporters sans frontières compte s'adresser dans les jours qui viennent au gouvernement des Etats-Unis, qui détient Khalid Cheikh Mohammed dans un lieu tenu secret, pour obtenir des informations supplémentaires sur son implication dans l'assassinat de Daniel Pearl.
Enfin, le 16 avril 2004, la police pakistanaise a annoncé avoir arrêté deux autres suspects dans cette affaire. Malik Tasaddaq et Nadir Khan, alias Sajjad, militants du Lashkar-e-Jhangvi, ont été interpellés séparément dans la province du Pendjab. Selon un responsable des services de renseignements cité par l'Agence France-Presse, Malik Tasaddaq, arrêté en mars, aurait pris les photos de Daniel Pearl lors de sa détention.
Ainsi, depuis la condamnation d'Omar Sheikh et de ses trois complices, au moins cinq autres suspects ont été appréhendés au Pakistan. Ces succès des forces de sécurité doivent se poursuivre devant les tribunaux. Lors du procès d'Omar Sheikh, les enquêteurs avaient affirmé que sept suspects étaient en fuite. Cela signifie-t-il qu'il ne reste plus que deux suspects toujours en cavale ?
Par ailleurs, en mai dernier, vous confirmiez à la chaîne de télévision pakistanaise Geo TV que l'un des suspects toujours en fuite dans l'assassinat de Daniel Pearl serait également le cerveau des attentats perpétrés en décembre 2003 contre vous. Selon des sources anonymes pakistanaises, il s'agirait d'Amjad Hussain Farooqi, alias Haider, dirigeant des groupes djihadistes Lashkar-e-Jangvi et Jaish-e-Mohamed, activement recherché par la police depuis janvier 2002. En juin dernier, le site d'information Asia Times Online citait des sources pakistanaises selon lesquelles Farooqi avait déjà été arrêté par les forces de sécurité à Karachi et qu'il serait "présenté" au moment voulu.
Reporters sans frontières estime qu'il est nécessaire que l'opinion publique sache si ces hommes, suspectés d'avoir commandité ou participé au meurtre de Daniel Pearl, vont être inculpés et jugés pour ce crime. Il nous semble important, deux ans après le procès en première instance, que le gouvernement pakistanais continue à œuvrer pour que justice soit faite dans l'assassinat du journaliste.
Par ailleurs, le sort de trois autres suspects, qui ont conduit au cadavre de Daniel Pearl et auraient fait, en 2003, de nouvelles révélations sur le meurtre, n'a jamais été éclairci par les autorités.
De même, Reporters sans frontières vous prie d'intervenir personnellement pour que les suspects toujours en fuite, soient activement recherchés par la police et puissent être appréhendés dans les meilleurs délais. Certains suspects, de nationalité pakistanaise, seraient liés au groupe extrémiste Harakat ul-Mujahdeen Al-Alami.
Très soucieuse de la douleur que pourrait provoquer pour les proches de Daniel Pearl un nouveau procès, Reporters sans frontières vous rappelle cependant l'exigence de justice dans cette affaire. Il est de votre devoir, en collaboration avec les autorités américaines, d'identifier et de juger tous les acteurs de ce drame.
Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de ma très haute considération.
Robert Ménard
Secrétaire général