Acharnement procédurier contre un journaliste déjà condamné à six mois de prison ferme et incarcéré pour “injure”
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Reporters sans frontières dénonce l'acharnement judiciaire dont fait l'objet Freddy Aponte Aponte, de la radio locale privée Luz y Vida, basée à Loja (capitale de la province éponyme dans le sud du pays). Condamné en ultime instance, le 25 septembre 2008, par la Cour nationale de justice, à six mois de prison ferme pour “injure” et aux arrêts depuis plus d'un mois, le journaliste s'est vu notifier une autre procédure, pour les mêmes faits, le 25 novembre, portant sur un dédommagement à hauteur d'un million de dollars.
“Qu'un journaliste, même connu pour son impétuosité et ses excès de langage comme Freddy Aponte Aponte, soit condamné à six mois de prison ferme pour ‘injure' pose déjà un problème de principe, d'autant que le journaliste avait été relaxé en première instance. Que cette condamnation soit prononcée malgré un manque de preuves est également douteux. Qu'enfin, un individu soit, au bout du compte, en passe d'être condamné deux fois pour la même affaire est contraire à un principe fondamental du droit. A défaut de pouvoir revenir sur la chose jugée, nous demandons que la peine de prison ferme soit réaménagée en peine avec sursis, et que l'autre procédure portant sur les dommages et intérêts soit abandonnée“, a déclaré Reporters sans frontières.
José Bolivar Castillo Vivanco, ancien maire de Loja, avait porté plainte contre Freddy Aponte Aponte après la diffusion, lors du programme “Primer plano” du 18 juin 2007, d'un entretien de ce dernier avec l'ex-député Oswaldo Burneo. Le journaliste aurait traité l'ancien maire de “voleur” à cette occasion. Or, pour des raisons techniques, cette partie de l'interview n'a pu être diffusée. Aucune preuve de l'injure n'ayant donc pu être portée au dossier, le tribunal pénal de Loja avait prononcé le non-lieu en janvier 2008.
José Bolivar Castillo Vivanco a fait appel de cette décision, et obtenu gain de cause le 9 avril, lorsque la chambre pénale de la Cour de justice provinciale a cassé la décision de première instance, et condamné Freddy Aponte Aponte à six mois de prison ferme. Après le pourvoi en cassation du journaliste, la 3e chambre pénale de la Cour nationale de justice (ex-Cour suprême, la plus haute juridiction équatorienne) a finalement confirmé la sentence du 25 septembre. Freddy Aponte Aponte s'est lui-même livré aux autorités le 29 octobre alors que le juge venait de délivrer un mandat d'arrêt à son encontre. Le journaliste purge actuellement sa peine au centre de réhabilitation sociale de Loja.
Freddy Aponte Aponte a contesté cette condamnation et dénoncé les irrégularités qui ont entaché la procédure. Il a signalé l'existence de liens familiaux entre le plaignant et l'un des juges de la chambre pénale de la Cour de justice provinciale, a rappelé que la preuve des injures n'a jamais été établie, et s'est étonné qu'Oswaldo Burneo n'ait jamais été appelé à témoigner. D'autre part, il a déclaré avoir reçu, le jour du verdict, un SMS de José Bolivar Castillo Vivanco, le menaçant en ces termes : “Misérable. Si tu ne quittes pas cette ville, cette province, je ne m'arrêterai pas avant que tu sois mort.” Cet incident et les anomalies lors du procès ont été corroborées par la directrice de l'émission, Sor Violeta Jaramillo, qui attribue pour sa part la condamnation à “des influences et au pouvoir de l'ancien maire”.
José Bolivar Castillo Vivanco ne semble pas se satisfaire de la condamnation pénale du journaliste. Le 25 novembre, l'ancien élu a engagé, pour les mêmes faits, une autre procédure dans le but d'obtenir un million de dollars de dommages et intérêts.
Publié le
Updated on
20.01.2016