Élections en Pologne : les principaux candidats de la majorité et de l’opposition s’engagent à mener des réformes pour la liberté des médias

À l’approche des élections générales, prévues le 15 octobre prochain, Reporters sans frontières (RSF) publie 15 recommandations pour la liberté de la presse rédigées en coopération avec des experts et des médias polonais. En réponse à l’appel de RSF, une membre influente de Droit et justice (PiS) s’est engagée à défendre la dépénalisation de la diffamation au sein de son parti, et un ancien médiateur se présentant au sein de la Coalition civique a promis de travailler à une réforme en profondeur des médias publics.

Aucune diffusion en direct des meetings de l’opposition ; une couverture majoritairement négative de leurs actions ; un traitement partial des vidéos de campagne des partis au pouvoir : bien que la loi polonaise sur la radiodiffusion oblige la télévision publique TVP à respecter “le pluralisme, l’impartialité, l’équilibre et l’indépendance” dans sa programmation, le rapport provisoire d’une mission d’observation de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) du 29 septembre soulève la question d’un “important parti pris en faveur du parti au pouvoir et de ses politiques”.

Alors que les médias indépendants, tels que la plus grande chaîne privée d’Europe centrale TVN, tentent d’assurer une couverture pluraliste de la campagne en vue des élections générales du 15 octobre, leur travail se trouve compromis par la difficulté d’accéder aux femmes et hommes politiques du gouvernement.Une situation qui vient s’ajouter aux attaques systématiques et de longue date contre leur indépendance. Alors que le droit à l’information reste menacé à l’approche des élections qui détermineront la composition du futur gouvernement, le Conseil national de la radiodiffusion (KRRiT) ne remplit pas son obligation légale de protéger l’indépendance et le pluralisme des médias.

“Le gouvernement actuel a perpétué un cercle vicieux de polarisation. Après avoir totalement pris le contrôle des médias publics, il stigmatise les médias privés, dont la résistance sert alors de prétexte à de nouvelles pressions politiques sur l’ensemble du paysage médiatique. Remplacer le droit à l’information par de la propagande nuit à l’équité des élections polonaises, ainsi qu’à la réputation internationale du pays. En améliorant la liberté de la presse conformément à nos recommandations, la Pologne peut regagner la place que son peuple mérite : le cœur démocratique de l’Europe.

Pavol Szalai
Responsable du bureau UE-Balkans de RSF

Lors de sa mission à Varsovie du 2 au 5 octobre dernier, le responsable du bureau UE-Balkans de RSF, Pavol Szalai, a discuté des recommandations – visant à renforcer l’indépendance des médias publics et privés, et la protection des journalistes contre les menaces juridiques et physiques – avec les principaux médias et partis politiques. En réponse à l’appel de RSF, une membre influente du Parlement pour le parti Droit et justice (PiS), qui fait également partie du Conseil national des médias (autre autorité médiatique), a pris un engagement : “Les procédures bâillons (SLAPP) sont un réel problème pour la liberté de la presse en Pologne”, a reconnu Joanna Lichocka. “Je suis contre les peines de prison pour les journalistes pour diffamation. Je plaiderai au sein du PiS pour une législation dépénalisant la diffamation”, a promis la candidate du parti au pouvoir. 

Lors d’une rencontre avec RSF, une importante personnalité de la Coalition civique, Adam Bodnar, a déclaré : “Les médias publics polonais et les instances de contrôle ont besoin d’une réforme systémique qui garantisse leur indépendance par rapport au gouvernement”. L’’ancien médiateur a ajouté : “L’influence politique en matière de sélection des dirigeants des médias publics devrait être réduite au profit de l’implication de la société civile et des experts”.

L’organisation a également discuté de ses propositions avec les dirigeants de l’opposition de la coalition centriste Pologne 2050 et du parti La Gauche qui, tous deux, ont montré leur volonté de mener des réformes pour la liberté des médias s’ils entrent au gouvernement.

Les recommandations de RSF – rédigées en coopération avec des experts polonais et adressées au futur gouvernement – visent une réforme en profondeur et issue d’une large consultation des médias publics, l’égalité des opportunités sur le marché et en matière d’accès à l’information pour les médias privés et publics, des mesures contre les poursuites judiciaires abusives, ainsi que des garanties pour la sécurité et les droits des journalistes.

La Pologne occupe la 57e place sur 180 pays au Classement mondial pour la liberté de la presse établi par RSF en 2023.

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