Égypte : six mois après avoir purgé sa peine, le blogueur britannico-égyptien Alaa Abdel Fattah doit être libéré sans délai

Six mois après avoir fini de purger la totalité de sa peine de prison et près d'un mois après le début d'une dangereuse grève de la faim, le blogueur britannico-égyptien Alaa Abdel Fattah est toujours détenu arbitrairement en Égypte. Reporters sans frontières (RSF) demande aux autorités égyptiennes de le libérer immédiatement, afin qu'il puisse retourner auprès de sa famille au Royaume-Uni.
Alaa Abdel Fattah a purgé une peine de cinq ans de prison pour “diffusion de fausses nouvelles”, après avoir partagé sur Facebook un message faisant état de tortures dans une prison égyptienne. Il a fini de purger sa peine le 29 septembre, mais les autorités égyptiennes ne l'ont pas libéré, refusant de reconnaître les deux années qu'il a passées en détention provisoire. Sa mère, Laila Soueif, a entamé une grève de la faim depuis lors, dans une tentative désespérée d'obtenir du gouvernement britannique la libération de son fils. Le 1er mars, Alaa Abdel Fattah a entamé une grève de la faim à son tour.
Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a téléphoné au président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et a discuté de l'affaire le 28 février, mais il n'y a eu aucune avancée significative depuis dans les efforts diplomatiques pour le libérer. Keir Starmer a déjà déclaré à la famille d'Alaa Abdel Fattah et au Parlement britannique qu'il ferait tout ce qui est en son pouvoir pour obtenir sa libération.
“Il est profondément choquant que six mois après avoir fini de purger sa peine – et un mois après que Keir Starmer a appelé le président Sissi – Alaa Abdel Fattah soit toujours en prison. Le Royaume-Uni ne peut pas permettre que cette injustice se poursuive plus longtemps. La communauté internationale doit se joindre au gouvernement britannique et exiger que l'Égypte libère immédiatement Alaa Abdel Fattah, afin qu'il puisse enfin retrouver son fils Khaled au Royaume-Uni, et que lui et sa mère mettent un terme à leur grève de la faim désespérée avant qu'il ne soit trop tard.
Au début du mois, le directeur général de RSF, Thibaut Bruttin, s'est joint à 49 éminents défenseurs des droits humains, lauréats du prix Nobel, écrivains et personnalités publiques, pour exhorter Abdel Fattah al-Sissi à accorder la grâce présidentielle à Alaa Abdel Fattah. “Le monde regarde et l'histoire n'oubliera pas cet acte d'humanité”, peut-on lire dans la lettre. “Que l'histoire se souvienne non pas d'une tragédie, mais d'une réunion : Alaa libre, tenant son fils dans ses bras, et Laila Soueif rompant le jeûne avec la famille qu’elle désire tant retrouver.”
Laila Soueif, qui est passée à une grève de la faim partielle à la suite de l'appel de Keir Starmer à Abdel Fattah al-Sissi, a déclaré qu'elle reprendrait une grève totale à la fin du mois de mars si aucun progrès substantiel n'était réalisé dans l'affaire de son fils, bien que les médecins aient prévenu qu'elle risquait de ne pas y survivre.
L'Égypte occupe la 170e place sur 180 pays et territoires dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2024, en raison de la fréquence des cas de censure, des descentes de police, des arrestations, des fermetures de journaux, des simulacres de procès, des disparitions forcées et des détentions arbitraires. Aujourd’hui, 20 journalistes sont emprisonnés en Égypte, dont Alaa Abdel Fattah.