Cinq ans après l'assassinat de Deyda Hydara, Reporters sans frontières appelle la communauté internationale à réagir
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Le 16 décembre 2009 marquera le cinquième anniversaire de l'assassinat, toujours impuni, de Deyda Hydara, cofondateur du quotidien privé The Point. Reporters sans frontières dénonce l'obstruction de l'enquête par les autorités gambiennes et l'immobilisme de la communauté internationale vis-à-vis du gouvernement de Yahya Jammeh.
"Nous exprimons notre solidarité aux proches de Deyda Hydara, à ses collègues, et à la presse gambienne, plongée depuis décembre 2004 dans la peur, le silence et l'injustice. Face à la mauvaise foi du gouvernement de Banjul, nous demandons aux services de renseignements américains de rendre publiques les informations dont ils disposent sur les circonstances de l'assassinat de notre confrère. Nous appelons également la Commission africaine des droits de l'homme à répondre enfin aux appels en faveur de la délocalisation de son siège, pour l'instant dans la capitale gambienne, dans une autre ville africaine", a déclaré l'organisation.
Dans un entretien donné en juin 2009 à la télévision gouvernementale GRTS, le président Yahya Jammeh démentait toute implication de l’Etat dans ce crime et estimait que le journaliste avait été tué pour une affaire de mœurs. Pour avoir qualifié ces commentaires de "provocateurs" et "inopportuns", six journalistes de l'Union de la presse gambienne (Gambia Press Union - GPU), du quotidien d'opposition Foroyaa, et du quotidien indépendant The Point, ancien journal de Deyda Hydara, ont été accusés, entre autres chefs d'inculpation, de "publication séditieuse" et de "diffamation". Ils ont été condamnés à deux ans de prison et ont finalement été graciés par le chef de l'Etat après un mois de détention.
Deyda Hydara, par ailleurs correspondant de l’Agence France-Presse (AFP) et de Reporters sans frontières en Gambie, a été tué par balles par des inconnus circulant dans un taxi, alors qu’il se trouvait au volant de sa voiture, dans la soirée du 16 décembre 2004, à la périphérique de Banjul. Dans les semaines qui ont suivi l’assassinat, sur la base d’une enquête menée sur place dont les résultats ont été publiés dans un rapport intitulé "Deyda Hydara : mort d'un journaliste sous surveillance", Reporters sans frontières avait fait part des soupçons sérieux qui pesaient sur les services de sécurité gambiens, et notamment sur un groupe semi-clandestin de partisans du chef de l’Etat, baptisé les "Green Boys". Plusieurs éléments pouvaient laisser penser que Deyda Hydara avait été la cible de représailles pour faire taire les critiques acerbes que ce journaliste, ancien président de la Gambia Press Union (GPU) et doyen des professionnels du pays, adressait régulièrement au gouvernement.
L’enquête de police, promise alors par les autorités gambiennes, n’a connu aucune suite sérieuse. Le seul document officiel publié par les services de renseignements gambiens est un « rapport confidentiel », transmis à la presse en 2005, évoquant plusieurs pistes, pour la plupart absurdes, pouvant prétendument éclairer les circonstances du crime.
Depuis cette date, la plupart des témoins clés de l’affaire ont disparu, notamment le directeur de la National Intelligence Agency (NIA) à l’époque, Daba Marenah, dont on est sans nouvelles depuis qu’il a été arrêté après avoir été mis en cause dans une tentative présumée de coup d’Etat.
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Updated on
20.01.2016