Procès du représentant de RSF en Turquie : l’acquittement sera la seule décision légitime
Le verdict pourrait tomber le 15 avril 2019 dans le procès du représentant de Reporters sans frontières (RSF) Erol Önderoğlu, de la défenseure des droits humains Şebnem Korur Fincancı et de l’écrivain Ahmet Nesin. RSF, qui observera l’audience à Istanbul, appelle à leur acquittement.
Le procès emblématique d’Erol Önderoğlu, Şebnem Korur Fincancı et Ahmet Nesin entre dans sa dernière ligne droite. Le verdict pourrait tomber le 15 avril, après les dernières plaidoiries de la défense. Accusés de “propagande terroriste”, “d’apologie du crime” et “d’incitation au crime” pour avoir défendu un journal kurde, le représentant de RSF et ses deux confrères risquent la prison ferme : c’est ce qu’a requis le procureur. Une délégation internationale de RSF (Christophe Deloire, secrétaire général ; Christian Mihr, directeur de RSF Allemagne ; Rebecca Vincent, directrice du bureau de Londres ; Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale) et de nombreux autres observateurs feront le déplacement à Istanbul pour les soutenir.
“Erol Önderoğlu est mondialement connu pour son combat inlassable et rigoureux en faveur de la liberté de la presse, déclare Christophe DeloireSignez la pétition !Ici. Le condamner pour un crime imaginaire serait une immense injustice qui jetterait l’opprobre sur les autorités turques. Nous demandons instamment au tribunal d’acquitter notre représentant et ses collègues.”
Avec une cinquantaine d’autres personnalités, Erol Önderoğlu et ses deux camarades s’étaient relayées en 2016 pour prendre la direction symbolique du journal Özgür Gündem un jour chacun. Une manière de défendre le pluralisme face à la persécution de ce titre, fermé manu militari en août 2016. Le représentant de RSF et ses deux co-accusés sont les seuls à avoir été placés en détention provisoire une dizaine de jours dans le cadre de cette campagne. Leur arrestation avait suscité une vague d’indignation massive à travers le monde et le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, avait lui-même demandé la “libération rapide” des trois défenseurs de la liberté d’informer.
La Turquie occupe la 157e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2018 par RSF. Déjà très préoccupante, la situation des médias est devenue critique après la tentative de putsch de juillet 2016 : de nombreux médias ont été fermés sans aucun recours effectif, les procès de masse se succèdent et le pays détient le record mondial du nombre de journalistes professionnels emprisonnés.